La question du nucléaire a déjà été abordée à plusieurs reprises. L'objectif ambitieux de réduction à 50 % de la part de l'atome dans la production d'électricité d'ici à 2025 implique, de facto, l'arrêt de vingt-deux tranches de 1 000 MW, soit deux tranches par an à partir de 2016. Le remplacement des capacités ne pourra se faire avec l'aide des seules énergies renouvelables ; il supposera donc l'ouverture de nouvelles centrales à charbon ou à gaz.
Le remplacement d'une tranche de 1 000 MW par un parc éolien de même puissance nécessite le doublement de celui-ci par une centrale thermique. L'Allemagne, souvent évoquée, doit ainsi prévoir à court terme 22 GW de capacités supplémentaires, en centrales à charbon ou à gaz. Chacun appréciera l'impact de telles décisions sur le bilan carbone d'un pays !
S'agissant du coût, la facture pétrolière et gazière de la France au titre du transport et du chauffage s'élève à 61 milliards d'euros pour 270 millions de tonnes-équivalent pétrole (MTep) – c'est-à-dire pratiquement l'équivalent de notre déficit commercial. Inversement, la production nationale actuelle d'énergie électrique, qui équivaut à 117 MTep, s'établit à 700 millions d'euros grâce au nucléaire.
Aux États-Unis, on mise actuellement beaucoup sur le stockage de l'énergie dans le cadre d'études poursuivies dans plusieurs grandes universités.
Je rappelle que la fermeture programmée de Fessenheim coûtera, à elle seule, 1,5 milliard d'euros. Si on ferme vingt tranches pour tenir l'objectif annoncé, la facture globale sera de l'ordre de 30 milliards d'euros.
La réduction de la part du nucléaire dans la fourniture d'énergie nationale ne peut donc être envisagée dans les délais prévus, c'est-à-dire d'ici à 2025, sans une perte financière considérable due à la mauvaise utilisation des moyens nucléaires existants et à la multiplication des centrales thermiques de substitution, impliquant de surcroit l'abandon des efforts consentis en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une utilisation optimisée des énergies renouvelables ne peut qu'être le fruit d'un programme de recherche, mené aux niveaux européen et international sur une durée minimale de l'ordre d'une décennie. Ce programme visera non seulement l'alimentation des réseaux électriques nationaux, mais aussi la mise en place de substituts au pétrole et au gaz pour le chauffage et les transports.