Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'exigence citoyenne de transparence, de probité et de décence dans les rémunérations du personnel politique, conçu au sens large, n'a sans doute jamais été aussi forte dans notre pays. Et, dans le même temps, jamais sans doute nos concitoyens n'ont été aussi dubitatifs, aussi peu confiants, devant les tentatives d'encadrer et de moraliser les rapports entre l'argent et la vie politique, et devant les mesures prises pour lutter contre les conflits d'intérêts.
Ces deux phénomènes, conjugués, sont potentiellement explosifs. Ils sapent en effet le pacte républicain qui est fondé sur la confiance entre les citoyens et leurs représentants. Cela doit nous amener à faire preuve de retenue et de précision dans nos prises de parole.
Nous ne sommes pas ici ce soir pour jeter l'anathème sur les collaborateurs ministériels, qui sont indispensables au bon fonctionnement de nos institutions, font preuve d'un engagement et de compétences la plupart du temps remarquables. Les errements et la légèreté avec laquelle quelques-uns d'entre eux se sont conduits par le passé ne doivent pas nous conduire à les clouer au pilori au cours de nos débats.
Nous ne sommes pas plus réunis ici pour répandre l'idée que la classe politique française serait, dans son ensemble, corrompue ou corruptible. Nous sommes réunis ici pour faire évoluer les pratiques, les comportements, au moyen de la loi et de la réglementation, afin que le soupçon recule et que les fautes commises soient poursuivies et sanctionnées. C'est dans cet esprit que les écologistes abordent ce débat : sans démagogie populiste, mais avec lucidité, et avec la volonté déterminée de mettre fin aux conflits d'intérêts, patents ou potentiels.
Notre discussion est inspirée – j'allais dire imposée – par des révélations qui révulsent nombre de nos compatriotes et les poussent à s'interroger. Ces révélations ont montré la persistance, entre 2002 et 2005, de versements en liquide au cabinet du ministre de l'intérieur de l'époque, à hauteur de 10 000 euros par mois et au titre de frais d'enquêtes et de surveillance. Cela a de quoi révolter.
Mais je ne crois pas qu'il soit utile, et encore moins fructueux, que notre assemblée se contente de commenter de tels faits. La justice en est saisie : qu'elle fasse son travail. L'administration en est consciente : qu'elle en tire les conséquences.