Intervention de Frédéric Gilli

Réunion du 12 juin 2013 à 16h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Frédéric Gilli :

Pourquoi le Grand Paris intéresse-t-il l'Assemblée nationale ? Derrière la question de Paris, se pose une question éminemment française. Ce n'est pas parce que les Franciliens ne sont pas arrivés à se mettre d'accord. C'est parce que l'ensemble de la communauté nationale a un intérêt éminent à ce que cela se passe bien à Paris.

Les relations entre Paris et la province ne sont plus marquées par l'opposition qui existait entre « Paris et le désert français ». Les relations entre Paris et Lyon, l'ensemble des métropoles et, au-delà, l'ensemble du territoire national, ne sont plus dans un rapport de domination. Paris est une porte d'accès vers l'international. Entre Paris et l'ensemble des territoires régionaux, les relations sont beaucoup équilibrées au quotidien, au sein des entreprises ou dans les laboratoires de recherche. C'est donc aussi une question républicaine parce qu'elle touche à l'organisation de la République française.

On n'avait pas besoin des émeutes dans la région parisienne – comme ce fut le cas à plusieurs reprises dans les années 2000 – pour se rendre compte que, lorsque la région parisienne implose, c'est une partie du pacte républicain qui est attaquée. Et les questions de solidarité qui se posent de manière accrue dans la région parisienne nous amènent à nous interroger sur la capacité de la République française à faire coexister l'ensemble de ses citoyens dans un territoire commun.

C'est enfin une question démocratique. Il se trouve qu'à côté de mes activités de recherche, j'organise des actions de démocratie participative. À ce titre, nous avons accompagné Paris Métropole qui organisait, à l'automne dernier, des débats dans l'ensemble de la région parisienne – une vingtaine de débats, 3 000 participants, assez représentatifs des différences sociales, générationnelles, etc. de la région parisienne.

À cette occasion, les habitants nous ont dit qu'ils vivaient depuis longtemps dans la métropole, qu'ils faisaient confiance à leurs élus pour transformer leur cadre de vie mais que la situation n'était plus tenable et qu'ils ne savaient plus à qui s'adresser pour régler leurs problèmes. De fait, ils se tournent de plus en plus souvent vers vous et à tout propos. Or vous avez de moins en moins de moyens. Dans la région parisienne, que pèse le maire d'une commune de 250 ou 500 hectares devant Vinci, Veolia, Bouygues, Siemens, EDF, ERDF, la RATP, la SNCF ou Bertrand Delanoë quand il s'agit de faire des choix politiques ou d'aménagement ? Je ne dis pas que c'est impossible. Mais confrontés à la dureté des rapports politiques à l'intérieur de la région parisienne et à la puissance des mécanismes fonciers et immobiliers, il est très compliqué pour les élus locaux franciliens de se battre pour porter des projets urbains cohérents et puissants au service de leurs habitants.

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