Intervention de Christophe Journet

Réunion du 5 juin 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Christophe Journet, rédacteur en chef de MPE-MEDIA :

J'ai été très intéressé par la réaction de M. Montebourg, qui, il y a près d'un an, en prenant ses fonctions, avait souhaité rencontrer ses homologues à Madrid, Bruxelles et Rome. À la même époque, M. Pascal Faure rédigeait un rapport pour la rédaction duquel il avait auditionné Marcel Genet.

On parlait aussi de la recherche. Le dossier Ulcos n'a pas été compris dans sa réalité. Tata Steel a réussi son programme Ulcos aux Pays-Bas, à IJmuiden, où la première tonne expérimentale d'acier vert a été produite en décembre. La nouvelle a été annoncée à quelques pas d'ici, à la Maison de la chimie, lors de journées sidérurgiques internationales organisées par la Fédération française de l'acier, qui reste leader au niveau mondial, et qui réunira encore 700 personnes à Paris en 2014, avec l'aide des fédérations allemande, autrichienne et suédoise. On y verra aussi les jeunes chercheurs coréens, qui ont largement contribué à l'invention des nouveaux moyens de fabrication.

Le directeur de la R & D mondiale d'ArcelorMittal, est un Américain d'origine russe qui vit en France. Il m'a expliqué, il y a deux ans, que, pour peu qu'on travaille encore quelques années, on pourra faire des aciéries totalement nouvelles produisant de l'acier électrolytique par un procédé nouveau. D'autres projets de recherche sont encore en réserve. On peut donc encore miser, à condition d'accepter ses choix. En 2009, M. Mittal disait qu'il ne voyait pas l'Europe sortir de la crise avant 2015. Il ne lui échappe pas que le monde connaît actuellement des mutations prodigieuses : alors qu'il pourrait construire la plus belle aciérie du monde, un État de l'ouest indien refuse de lui accorder un permis de construire, pour des questions de patrimoine et de traditions, et il lui a fallu trois ans pour réaliser avec Hunan Valin, en Chine, une joint-venture qui avait été amorcée par Arcelor.

Quand j'ai rédigé en 2011 pour le BIR (Bureau of International Recycling) une étude mondiale sur les commodités recyclées, j'ai constaté qu'on augmentait de manière exponentielle l'utilisation d'acier recyclé, y compris dans les aciéries primaires. ArcelorMittal se défend économiquement en introduisant de plus en plus de ferraille dans la fonte primaire. Quand M. Tajani évoque la possibilité pour l'Europe de contrôler le commerce international de scraps, il va contre l'intérêt de tous les acteurs. En ce moment, le prix du métal baisse partout. Celui de la ferraille a perdu quinze euros par tonne, le mois dernier, en France, ce qui pousse certains ferrailleurs à dissimuler leurs stocks en attendant des jours meilleurs, d'autant que, depuis 2007, ils se sont habitués à des prix inédits.

M. Lambert, président de l'Institut de l'économie circulaire, vous expliquera qu'il faut, y compris sur le plan législatif, favoriser les activités de recyclage, quitte à enlever une parcelle de pouvoir aux très grands groupes, qui, voulant rester propriétaires de ces activités, nient le rôle des petits acteurs. Pourtant, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Je vous renvoie à « La fin de l'ère du déchet », de Dominique Maguin, un Français qui a présidé le BIR pendant plus de quinze ans. Ce texte fondamental dans l'histoire de l'Europe consacre la promotion du déchet en matière.

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