L'Allemagne a déduit intelligemment du prix de l'énergie celui du transport pour les industriels. Si tous les contrats d'énergie à long terme se sont construits autour de la valeur du mégawatheure de marché, le coût d'acheminement reste une donnée locale non régulée au niveau européen, sauf aux frontières, et peut effectivement devenir une valeur d'ajustement de la facture d'électricité. Le Réseau de transport d'électricité (RTE) fait des efforts dans ce sens, mais l'attractivité de la France en matière d'acheminement d'électricité reste un sujet à creuser. Je rappelle qu'EDF n'a pu construire ses barrages que parce que les industriels ont accepté de venir se raccorder à quelques mètres des turbines (coût d'acheminement voisin de zéro).
D'autre part, plutôt que de nationaliser une industrie, peut-être vaut-il mieux nationaliser un produit. Même si nous sommes en crise aujourd'hui, le prix de la tonne d'acier peut doubler demain, puisque le monde se développe. Les gisements de minerais finiront par s'amenuiser. L'État pourrait acheter non des sociétés mais des lingots, et les stocker pendant des années. À l'époque de la présidence Giscard d'Estaing, l'État possédait des stocks stratégiques, sous la forme de milliers de tonne de cuivre et d'aluminium. Quand il les a revendus pour des raisons budgétaires, il a réalisé une plus-value importante. Puisque les matières premières forment un véritable stock financier, pourquoi ne pas acheter du lingot, notamment par l'intermédiaire du FSI ? Ces stocks de lingots, que les banquiers savent parfaitement gérer, offriraient aux entreprises soumises à des difficultés passagères un moyen de sécuriser leur production et donc l'emploi. Acheter des lingots est aussi une manière d'acheter de l'énergie et de la stocker. Même aujourd'hui où des fours sont arrêtés depuis plusieurs mois, l'électricité conserve sa valeur.