Intervention de Patricia Adam

Réunion du 12 juin 2013 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam, présidente :

J'aimerais que vous évoquiez devant nous l'aspect européen de la cyberdéfense. Ce sujet revient souvent dans les discussions avec nos partenaires et j'ai l'impression qu'il sera plus facile de le faire avancer que celui de l'Europe de la défense.

Contre-amiral Arnaud Coustillière. Avant d'évoquer l'aspect européen, je voudrais parler de l'approche de l'OTAN en la matière. C'est un sujet dont elle s'est saisie depuis novembre 2010 et elle s'est dotée très rapidement d'un concept et d'une politique. Mais, depuis cette date, plutôt que de chercher à l'approfondir avec nos partenaires de l'Alliance pour mettre en place une capacité de gestion de crise, l'OTAN tente plutôt d'ouvrir des dialogues avecde nouveaux, comme la Russie par exemple ; le processus est aujourd'hui moins dynamique.

Une des questions en suspens est de savoir quand l'OTAN aura la capacité de protéger ses propres réseaux. Son secrétaire général a déclaré très récemment que l'Alliance s'était dotée d'une équipe d'intervention rapide, mais celle-ci n'est dotée pour l'instant que de 6 personnes destinées aux seuls réseaux de l'OTAN ! Les effets d'annonce masquent en réalité des capacités réduites.

Par ailleurs, une divergence de fond entre les différents partenaires n'est aujourd'hui pas résolue. Certains pays, dont les principales nations européennes, souhaitent que l'OTAN se concentre sur ses propres capacités militaires. D'autres, plus petits, souhaiteraient que l'OTAN prenne en charge la protection de leurs réseaux d'importance vitale. Cette divergence sur le rôle de l'OTAN dans ce domaine est un frein à l'approfondissement de ses capacités, malgré la volonté affichée par le secrétaire général.

L'Union européenne doit faire de la cyberdéfense une de ses priorités et s'occuper notamment de la protection de ses infrastructures vitales. Cette question concerne aussi sa politique industrielle, car il faudrait qu'elle développe ses propres capacités d'hébergement des données pour ne pas être totalement dépendante des firmes américaines. L'Union a adopté récemment une directive stratégique, ce qui constitue une avancée majeure car cela signifie qu'elle s'est réellement saisie de ce sujet. Trois comités ministériels importants vont se tenir à partir de septembre et il faudra en profiter pour le faire avancer : l'un sera consacré à la politique de sécurité et de défense commune, un autre à l'industrie et le troisième à l'économie numérique.

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