Intervention de Titus Corlatean

Réunion du 11 juin 2013 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Titus Corlatean, ministre des affaires étrangères de Roumanie :

L'adhésion à l'euro demeure un objectif et une priorité pour le gouvernement actuel. La crise économique a altéré cette perspective d'un point de vue politique mais pas d'un point de vue économique, car la Roumanie cherche toujours à remplir les critères d'adhésion à l'euro établis par l'Union européenne. Je ne souhaite pas spéculer sur les perspectives d'adhésion, mais il est clair que l'horizon 2015 n'est plus d'actualité. En revanche, je peux vous confirmer que la Roumanie continue de travailler pour adhérer à l'espace euro, qui reste une priorité politique et économique.

S'agissant ensuite de l'embargo européen sur les armes destinées à la Syrie, je répète la position que j'ai exprimée précédemment : nous souhaitons privilégier la solution politique dans la résolution de la crise syrienne. Cette position est partagée par de nombreux Etats membres de l'Union européenne qui, tout comme nous, s'interrogent sur la destination finale des armes livrées, dont les radicaux islamistes pourraient bénéficier. L'absence de consensus européen pour prolonger l'ensemble de l'embargo nous a obligés à trouver un compromis politique qui laisse l'Union européenne dans une position acceptable. La partie économique de l'embargo a ainsi été prolongée tout en mettant l'accent sur de possibles futures exportations d'armement, conformément aux règles européennes et nationales. La Roumanie n'est pas intéressée par l'exportation d'armes à la Syrie, mais elle reste engagée pour aider à mettre en place les conditions permettant la tenue d'une conférence à Genève.

Enfin, concernant la Moldavie, je connais assez bien l'histoire de la formation du premier gouvernement Alliance pour l'Intégration Européenne, du deuxième gouvernement suite aux dernières élections ainsi que de l'actuel gouvernement pro-européen. Les communistes bénéficient aujourd'hui du plus grand nombre de députés au sein du Parlement moldave, mais ne sont pas au gouvernement pour autant. Nous pensons que la seule solution possible pour la voie européenne est constituée par ceux qui sont actuellement au pouvoir et qui ont eu la sagesse de reconfirmer cette orientation pro-européenne. Parallèlement, nous encourageons une approche inclusive, c'est-à-dire plus de dialogue politique entre le pouvoir et l'opposition, ce qui n'est pas aisé en l'absence de réforme au sein du parti communiste. Le parti communiste soutient cependant la voie européenne de la Moldavie, du moins de façon déclarative, ce qui peut constituer un point de consensus. Si le gouvernement continue de délivrer à la population des résultats concrets, par exemple en termes de prix, grâce à des projets soutenus par la Roumanie ou l'Europe dans des secteurs comme l'énergie ou les transports, cela peut avoir des conséquences positives dans l'opinion publique et conduire, lors des prochaines élections, à des résultats différents de ceux prévus aujourd'hui. La Roumanie encourage donc la Moldavie à se concentrer sur la société plutôt que sur la bataille politique, qui existe nécessairement dans une société démocratique mais ne doit pas occulter les priorités réelles d'un pays.

Je vous remercie de m'interroger sur la question des passeports. Je connais la vision de la presse européenne sur ce sujet. Il faut bien comprendre que la loi roumaine actuellement en vigueur date de 1991 et est similaire à beaucoup d'autres législations européennes. La loi roumaine contient un article reposant sur le principe de jus sanguinis. Concrètement, les individus qui ont eu la nationalité roumaine dans le passé et qui l'ont perdu contre leur gré dans les circonstances tragiques de la Seconde Guerre mondiale ont le droit de demander la nationalité roumaine. Cette loi ne repose donc pas sur des critères ethniques, et sa procédure de mise en oeuvre n'est ni rapide, ni facile. Elle fonctionne jusqu'à la troisième génération. Il me semble que son contenu est différent de ce qui est expliqué dans les médias. Et j'ajoute que cette loi ne concerne qu'une mince fraction des quelque 4,5 millions de citoyens moldaves. Ceci dit, il convient de lier cette question à celle de la perspective européenne de la Moldavie : préférez-vous offrir une perspective européenne à ce pays, ou bien que les Moldaves cherchent à participer à l'Europe en prenant la nationalité roumaine ?

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