Intervention de Titus Corlatean

Réunion du 11 juin 2013 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Titus Corlatean, ministre des affaires étrangères de Roumanie :

Je partage votre appréciation, Madame la Présidente. Sur la question rom, je voudrais tout d'abord vous remercier pour le ton de votre question. La courtoisie est importante en politique et certaines règles doivent être respectées. Quant au fond de la question, entre ne rien faire ou mener une politique populiste d'une part ou essayer de conduire une politique qui tente de résoudre le problème sur le fond, et assumer ses responsabilités gouvernementales, d'autre part, mon gouvernement a choisi d'assumer. Nous avons commencé de mettre en oeuvre des mesures en application de la stratégie nationale de développement 2012-2020. Nous portons un grand intérêt à la question de l'éducation et par exemple, des quotas de places sont réservés à la communauté rom pour garantir l'effectivité d'n parcours scolaire complet, permettant d'aller vers la constitution d'une élite rom dans la société, qui, au demeurant, existe déjà. Il existe des médiateurs, pour l'éducation, la santé, au sein de la communauté, qui facilitent la communication et l'accès aux services publics. 3200 places dans les collèges et lycées sont réservées et 555 à l'université, pour ceux qui souhaitent y accéder.

Beaucoup de choses erronées sont dites sur le montant des fonds européens qui sont donnés à la Roumanie pour traiter ces questions, soit par méconnaissance, soit à des fins de manipulation. Je peux vous donner divers chiffres, il s'agit d'enveloppes de quelques dizaines de millions de lei, au mieux de 144 millions pour la plus importante, à diviser par 4 pour en obtenir la conversion en euros et nous sommes donc loin des milliards d'euros que d'aucuns avancent. Le gouvernement fait un travail sérieux, dans le respect des principes de solidarité nationale, par le dialogue, et en évitant toute polémique ; nous privilégions la coopération, pas l'idéologie, et nous travaillons par exemple étroitement avec le gouvernement français sur cette question, sachant que ce n'est bien sûr pas le seul sujet de notre agenda bilatéral. C'est aussi un sujet à discuter avec l'ensemble de l'UE, car les différents pays d'Europe centrale sont concernés.

La question des médecins est cruciale : nous en perdons chaque année 4000, bien qualifiés, sachant que l'investissement de l'Etat dans la formation d'un médecin est estimé à 200 000 euros. C'est donc une perte importante, tant en argent qu'en terme de qualité du système sanitaire roumain qui diminue. Cela étant, en même temps, nous ne pouvons, et ne souhaitons pas, restreindre la liberté de travailler de nos concitoyens, gagnée après beaucoup de sacrifices. Il nous faut oeuvrer pour donner plus de perspectives de travail dans le pays sans revenir sur le principe de la liberté de circulation qui est un des éléments de la discussion.

L'esprit européen est très fort pour la Roumanie, malgré les résultats. Nous considérons que l'Union Européenne doit continuer son élargissement, à la fois qualitatif et quantitatif. Nous y sommes extrêmement favorables, c'est à cette condition que l'Europe pourra être un acteur global.

Enfin, la francophonie est vivante et active, même si nous n'avons pas suffisamment de ressources. Nous avons fait des choses qui n'existent pas ailleurs dans l'Union Européenne, comme d'envoyer des enseignants par centaines au Maroc qui ont contribué à la formation de nombreuses élites. Nous continuons, il nous faudrait des moyens pour soutenir plus cet effort.

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