Intervention de Gwenaël le Dily

Réunion du 12 juin 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Gwenaël le Dily, consultant du cabinet Secafi Alfa :

Sur la question du packaging, le projet tel qu'il est proposé a un certain sens. Il répond à certaines contraintes mais il s'inscrit effectivement dans le cadre de l'accord passé entre ArcelorMittal et le gouvernement. Ce projet, complexe, présente cependant des risques. Il existe des plans B ; nous en avons d'ailleurs nous-mêmes proposé un dans le cadre de notre mission.

L'aspect efficience énergétique est un des points majeurs, car elle permet de minimiser un facteur rare, le coût des matières premières. Cela renvoie à toute une chaîne industrielle et à une filière complexe, pour laquelle il faut raisonner à long terme à 10 à 15 ans ! C'est pourquoi on voit mal ce que viennent faire des fonds spéculatifs ou d'investissement comme Apollo dans ces métiers-là, dès lors qu'ils jouent sur des périodes bien plus courtes sur l'endettement pour acquérir une entreprise puis sur des effets de levier.

ArcelorMittal n'est sans doute pas au bord du dépôt de bilan, un système ayant été mis à en place notamment au moyen d'augmentations de capital qui le met à l'abri sur le court terme. Mais ce groupe fait tout de même face à des difficultés. Ses contraintes de trésorerie l'obligent à sélectionner de manière drastique tous ses investissements, ce qui met en péril certains sites à moyen terme, la crise durant depuis quatre ans déjà. Le groupe cherche à maintenir son unité et l'on verra s'il est capable de le faire. Mais, avant de disparaître, il peut se disperser en plusieurs morceaux valorisables les uns les autres. Le scénario d'un dépôt de bilan « sec » me semble lui tout à fait exagéré.

Il faut raisonner à une échelle européenne, les flux intracommunautaires d'acier et au-delà des frontières étant importants. Une difficulté actuellement est le prix trop bas du carbone, ce qui n'incite pas à des fonctionnements très vertueux. Travailler sur l'efficacité énergétique est à cet égard indispensable, une différence de dix euros pouvant faire la différence dans la concurrence internationale – ce qui vaut aussi bien pour les produits dits du haut de gamme que pour les autres.

Les marchés de commodités sont soumis à la concurrence des pays à bas prix, tels que la Chine ou la Russie ; travailler sur l'efficacité énergétique suppose de réfléchir à la transposition d'une évaluation vertueuse afin de rééquilibrer la donne à l'entrée de l'Union européenne, en taxant les produits qui ne respectent pas les mêmes normes que nous et peuvent de ce fait être 10 à 20 € moins chers, ce qui a un réel impact dans les marges de distribution.

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