Intervention de François-Michel Lambert

Réunion du 19 juin 2013 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert, corapporteur de la mission d'information :

Ainsi que plusieurs intervenants l'ont souligné, la biomasse renvoie à des modèles techniques différenciés, adaptés aux réalités des territoires et articulés autour des concepts d'économie circulaire et de production décentralisée de l'énergie. La flexibilité s'impose pour faire émerger les projets et les rendre robustes, au cas par cas.

La biomasse jouera un rôle central dans les scénarios énergétiques à venir et doit donc trouver sa pleine place, tant dans les politiques publiques que dans les relais médiatiques.

Certains ont mis en doute l'intérêt de créer un Observatoire de la biomasse et souligné que la priorité était d'attirer des investissements. Mais pour attirer un investisseur, il faut lui donner une visibilité ! Aujourd'hui, nombre de projets échouent, parce qu'on ne connaît pas exactement le volume de la ressource disponible, mobilisable sur les vingt prochaines années. Telle sera bien la mission de cet Observatoire : dresser un état de l'existant, avant de faire appel à des investisseurs publics ou privés pour lancer des projets.

L'objectif de 23 % d'énergies renouvelables en 2020 est-il réaliste ? Pour ce qui concerne la biomasse, qui représente 60 % de ces énergies, il me semble qu'il est à notre portée. Il faudra sans doute que Fonds Chaleur soit renforcé et développe ses interventions à tous les niveaux de la chaîne énergétique, depuis le producteur jusqu'à la distribution.

Pour ce qui concerne le nombre de méthaniseurs en Allemagne, il faut rappeler que les effluents porcins et bovins ont un pouvoir méthanogène relativement faible et qu'ils nécessitent des compléments à base de lignite, paille et autres, à hauteur de 80 %. N'inversons donc pas les logiques de production agricole, à l'instar de ce projet de ferme-usine de « 1 000 vaches » dans la Somme, où les productions de lisier et de fumier constituent les ressources à la base du modèle économique de méthanisation et où la viande et le lait ne seraient plus que des sous-produits…

La question du bilan carbone est primordiale. Je rappelle sur ce point que la captation du CO2 est principalement effectuée par des arbres jeunes, lors de leur croissance, et non par des arbres anciens. Couper des arbres centenaires est une réalité que nous avons du mal à accepter en France. En sylviculture, c'est la rotation qui permet d'emprisonner le CO2.

Certains ont également évoqué les risques de fuites dans les processus de méthanisation. Tout ce qui se décompose provoque de toute manière un rejet de gaz dans l'atmosphère. Il vaut mieux en conséquence maîtriser nous-même la méthanisation afin de disposer d'une source d'énergie supplémentaire, même si des fuites sont inévitables. Il faut essentiellement disposer de matériel performant.

Notre collègue Philippe Plisson a évoqué les aides dont un projet peut bénéficier. Il est vrai que ces dernières interviennent tardivement lorsqu'un projet vise à créer une chaîne de valorisation du bois ou des déchets. En outre, l'ADEME agit selon un référentiel qui ne couvre pas toutes les innovations technologiques. Certains chercheurs proposent alors leurs idées à des sociétés étrangères, ce qui nous conduit ultérieurement à importer des technologies que nous aurions pu développer en France...

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