Plutôt que de parler d'allongement de la vie, il me semble que nous devrions dire que l'on meurt plus tard.
Il faut en effet avoir à l'esprit quelques données qui ont des conséquences économiques majeures sur notre système de santé : les causes de décès ont changé et les maladies handicapantes ont progressé. La question est dès lors moins celle de la durée de cotisation retraite que celle du financement de l'ensemble de notre système de protection sociale. N'y a-t-il pas un paradoxe à contraindre à cotiser plus longtemps des personnes abîmées par le travail et dans l'incapacité de poursuivre une activité ?
Autre mauvaise nouvelle, inattendue : pour la première fois, l'espérance de vie sans incapacité baisse. En outre, les inégalités entre ouvriers et cadres devant l'espérance de vie en bonne santé restent telles qu'elles étaient il y a vingt-cinq ans.
Dès lors, on peut prédire sans risque de se tromper que le déficit va se reporter sur l'UNEDIC et sur l'assurance maladie, sans que soit amélioré durablement l'équilibre de notre système de retraite, à moins que la reprise économique n'apporte un surcroît de cotisations sociales.
À tout cela s'ajoutent deux données mentionnées dans votre rapport : le faible taux d'activité des plus de 55 ans et la pénibilité – dont la prise en compte, relevez-vous, pourrait avoir un effet pervers, les salariés préférant rester exposés aux risques pour bénéficier de trimestres supplémentaires.
Autant dire qu'il s'impose de révolutionner notre rapport aux conditions de travail !