Merci, madame Moreau, pour ce rapport qui traduit un vrai changement d'orientation puisqu'il vise à « préserver notre système de retraite par répartition, solidaire et pérenne ». Les objectifs sont clairs : conforter l'équité en prenant en compte les disparités entre hommes et femmes, la situation des jeunes en formation professionnelle, des personnes en situation de handicap et de ceux qui ont commencé à travailler tôt, sans oublier la pénibilité au travail.
À ce dernier égard, rappelons que l'espérance de vie des personnes qui ont exercé des métiers pénibles est inférieure à celle d'autres catégories – de six années en moyenne à l'âge de 60 ans. Or, si l'idée d'un « compte individuel pénibilité » est intéressante, sa mise en oeuvre me semble complexe. Une réorientation professionnelle en fin de carrière, même avec l'aide d'une formation, n'est-elle pas illusoire dans beaucoup de cas – je pense à certains métiers du bâtiment ou de la métallerie, par exemple ?
Concernant les retraites des femmes – dont le montant moyen est de 879 euros par mois, contre 1 657 euros pour les hommes –, un rééquilibrage est impératif. Relever l'âge de la retraite ou augmenter la durée de cotisation dégraderait encore leur situation. La compensation des inégalités professionnelles, grâce à la promotion du partage des tâches familiales, ainsi que la revalorisation et la professionnalisation des métiers féminins, portera ses fruits sur le long terme. En attendant, il faut corriger les inégalités. La surcotisation des temps partiels sur la base d'un salaire à temps plein, prise en charge par l'entreprise, vous paraît-elle réaliste ? Alors qu'une personne sur deux liquidant sa retraite est au chômage, le report de l'âge de la retraite vous semble-t-il opportun ? Ne serait-il pas plus équitable d'élargir l'assiette des cotisations ?