Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du 24 juin 2013 à 21h30
Consommation — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Deuxième conséquence de la situation actuelle, non seulement les crédits sont moins nombreux, mais ils sont également plus chers. Car les organismes de crédit ne prennent aucun risque dans cette affaire. Naturellement, la perte qui est statistiquement calculable par la technique du credit scoring est immédiatement répercutée sur ceux qui remboursent. Donc les taux d'intérêts de tous ceux qui remboursent leurs crédits sont directement affectés, et le crédit est ainsi plus cher.

Enfin, malheureusement, l'absence de ce répertoire aujourd'hui n'empêche en rien les « compulsifs », qui représentent 30 % des surendettés qu'enregistre chaque année la Banque de France, et qui à un moment ou à un autre de leur vie, pour différentes raisons, se mettent à faire n'importe quoi, à « péter les plombs », pour le dire en langage populaire, et à surconsommer et suremprunter alors même que l'on pourrait les arrêter.

Personne n'envisagerait aujourd'hui de supprimer les limitations de vitesse dans notre pays. Eh bien, il n'existe pas de limitations de vitesse sur le crédit, et cet outil permettra effectivement d'arrêter avant qu'il ne soit trop tard ceux qui sont en train de déraper.

Nous ne pouvons pas plus empêcher aujourd'hui les autres 30 % de ces 200 000 familles qui croient traverser des difficultés passagères que l'on a longtemps appelées les accidents de la vie. Celui qui se retrouve au chômage, celui qui traverse une mauvaise passe suite à un décès, parfois à un divorce, croit que ce ne sera que passager. Il a alors recours à des crédits renouvelables qui, pense-t-il, constituent une planche de salut. En réalité, c'est une planche pourrie qui va le précipiter dans l'abîme. Parce que malheureusement, l'accident de la vie peut durer. Et s'il dure, cette planche se transforme en une véritable guillotine interdisant le retour à une vie normale. Aujourd'hui, rien ne permet d'empêcher ces situations.

La logique de ce répertoire national du crédit ne doit pas être stigmatisée. Certes, elle n'est pas parfaite et elle ne résoudra pas tous les problèmes, mais le fait de s'adresser à 60 % des 200 000 familles qui entrent chaque année en situation de surendettement sera déjà un grand service rendu aux familles de notre pays.

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