Intervention de Patricia Adam

Réunion du 24 septembre 2012 à 15h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam, présidente :

Pour avoir déjà participé à la préparation d'un Livre blanc, examiné des lois de programmation militaire et rédigé des rapports sur leur application, je sais combien les rapports parlementaires qui se succèdent de décennie en décennie pointent toujours les mêmes dérives : glissement des lois de programmation militaire, non-exécution des prévisions, explosion des coûts. Évitons de recommencer les mêmes erreurs lorsque nous examinerons la LPM au premier semestre de 2013 !

On reproche souvent aux parlementaires de privilégier l'armée et la défense, faute de savoir opérer des choix. Pourtant, vu le contexte budgétaire, il faudra trancher. Allemands, Anglais et Américains l'ont fait avant nous. Tandis que des pays émergents développent leur armement de manière considérable, les Britanniques ont supprimé des moyens capacitaires pour les dix prochaines années, espérant revenir ensuite à meilleure fortune. Notre pays est le seul en Europe à maintenir les siens. Pourra-t-il tenir ce rythme ? Lors de l'Université d'été de la défense, qui a eu lieu à Brest les 10 et 11 septembre derniers, les Britanniques l'ont reconnu : s'ils arrêtent certains programmes, c'est parce que les Français les maintiennent – sachant que cette décision a été prise sans nous consulter.

Nous sommes face à des choix difficiles. Si nous n'avons pas à répondre à la place du Président de la République, nous devons être des parlementaires responsables. Les militaires, qui disent souvent aimer leur métier et en être fiers, nous demandent de leur donner les moyens de bien l'exercer, c'est-à-dire de pouvoir s'acquitter pleinement de leurs missions sans mettre leur vie en danger. Pour cela, nous devons évaluer leurs besoins comme ceux des industries, qui, pour préparer l'avenir, doivent connaître leurs perspectives d'emploi et d'exportation.

L'exercice qui nous attend sera complexe. Quelles que soient les critiques que j'aie pu formuler, je ne conteste pas les objectifs du précédent Livre blanc, notamment en ce qui concerne les moyens capacitaires. Je regrette seulement qu'il ait fallu les revoir à la baisse. Posons-nous donc la question franchement : sommes-nous prêts à abandonner certaines missions, ne serait-ce que provisoirement ?

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