Intervention de Alain Rousset

Réunion du 24 septembre 2012 à 15h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Rousset, député :

Pour répondre à cette question, il faut comparer le coût d'utilisation d'un porte-avions en Libye et d'une base en Sicile, en tenant compte des capacités d'emport des avions et du coût logistique des opérations. Dès lors que nous sommes engagés dans des systèmes de cercles de défense, où les alliés doivent se positionner à terre, comme ils l'ont fait à Djibouti, il nous appartient de définir une stratégie. D'autant que, grâce aux ravitailleurs, on peut aujourd'hui accompagner des avions de combat ou des drones sur un long exercice.

Pour les choix industriels, la notion de dualité civile et militaire s'est accentuée en termes de radar, de positionnement, d'écoute ou de matériaux. Gardons à l'esprit la liste des technologies critiques dressée par le Sénat si nous voulons conforter la dualité engagée par la direction générale de l'armement (DGA) à travers nombre de programmes. On ne peut plus concevoir de nouveaux avions de combat sans poser la question des matériaux, qui concerne aussi l'aviation civile. Il en va de même en matière d'électronique, de câblage ou de sécurité. Les minidrones utilisés contre les feux de forêt ou pour la surveillance des côtes ont contribué à faire progresser les drones. J'ai constaté ces échanges de technologie en signant, en tant que président de région, une convention avec Thalès, qui s'était d'abord intéressé à des drones militaires.

Conserver une force suppose qu'on possède des équipements en mesure de fonctionner. Or la France accuse un retard considérable en ce qui concerne leur maintien en condition opérationnelle (MCO), ce qui demande de concevoir des outils en assurant une maintenance au moindre coût. En Aquitaine, j'ai pris l'initiative d'acheter un site de la DGA et d'en faire un lieu de formation à la maintenance.

En ce moment, l'Allemagne progresse à marche forcée sur les technologies liées à l'industrie de la défense : technologies d'information ou technologies militaires et munitionnaires. Cette situation ne m'inquiète pas moins que la position de la Grande-Bretagne. On sait ce qui arrivera si la France ne prend aucune décision. Une entreprise allemande de 1 500 salariés vient de ravir le marché des satellites d'observation Galileo à Astrium, qui en emploie 5 000 à 6 000. Lorsqu'on perd ainsi une technologie dont les retombées peuvent être considérables, il faut absolument définir une véritable stratégie civile et militaire. Le mieux serait de le faire avant le sommet spatial qui se déroulera dans quelques semaines.

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