Intervention de Jean-Marie Bockel

Réunion du 24 septembre 2012 à 15h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Marie Bockel, sénateur :

J'ai découvert les routeurs de coeur de réseaux lors de mes premiers contacts avec nos amis allemands, qui ont appelé mon attention sur l'intérêt d'une coopération industrielle dans ce domaine. Indispensables aux réseaux de communication, ils sont aussi des instruments tout trouvés de pénétration à des fins d'espionnage ou de déstabilisation – des chevaux de Troie idéaux, en somme. Les entreprises américaines comme Cisco dominent le secteur, mais les entreprises chinoises sont en train de gagner le marché européen grâce à des coûts inférieurs de 20 à 30 %. Je l'ai dit, l'Australie leur a déjà interdit l'accès à son territoire et la Commission européenne s'interroge, de même que les États-Unis. Quoi qu'il en soit, cela ne peut pas continuer ainsi.

Lors de la conférence de presse au cours de laquelle nous avons présenté notre rapport, un journaliste nous a demandé si cette mesure radicale n'allait pas mettre en difficulté les entreprises françaises qui, comme Alcatel-Lucent, cherchent à pénétrer le marché chinois. Or, quelques semaines plus tard, j'ai reçu un long message électronique dans lequel les représentants CFDT d'Alcatel-Lucent, qui souhaitent pourtant que leur entreprise se développe pour que des emplois soient créés, se réjouissaient d'être enfin confortés dans la stratégie qu'ils menaient depuis fin 2011, fondée sur la recherche d'un rapport de force avec les Chinois.

Je le répète, ma proposition vise à ouvrir la discussion. Donnons un label, procédons à des vérifications, mais ne laissons pas faire n'importe quoi, ne nous laissons pas piller. En Chine, des bataillons entiers, dont certains sont structurés par l'armée, se consacrent à pénétrer des réseaux, essentiellement pour espionner, parfois de manière dormante dans un premier temps, pour mieux agir ensuite. Ce n'est pas un fantasme !

En outre, pourquoi ne pas se doter, comme en matière aéronautique et spatiale, d'une puissance industrielle créatrice d'emplois, si précieuse en temps de crise ?

Puisque la Chine fait maintenant partie de l'OMC, il s'agit de développer les échanges avec elle autant que possible, dans les limites qu'exige le respect de règles du jeu minimales.

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