Tous ces sujets méritent débat. J'en suis si convaincu que je me rends toutes les semaines devant la Commission de la défense de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Plusieurs questions portent sur les drones, qui font visiblement fantasmer, peut-être à cause de La Guerre des étoiles ou de certains jeux vidéo. On confond d'ailleurs le drone tactique, le drone d'observation de théâtre MALE et le drone de combat qui succédera peut-être à partir de 2030 aux avions de chasse, ce qui mériterait alors, monsieur Mamère, un débat de fond, sur des bases moins caricaturales que celles que vous avez posées. Dans quel cadre juridique est-on quand un avion de chasse envoie un missile à plus de 1 000 kilomètres de l'endroit où il est ? La réponse ne va pas de soi.
À l'opinion, surtout sur des sujets qui appellent le consensus le plus large, il faut dire la vérité. Pour les drones volant à moyenne altitude et de longue endurance (MALE), c'est-à-dire les drones d'observation, la France a raté le rendez-vous, ce qui peut s'expliquer par le jeu de la concurrence ou par de mauvais choix. Sans refaire l'histoire, notre pays réunissait pourtant toutes les compétences pour réussir. Quoi qu'il en soit, le drone d'observation est nécessaire, y compris pour repérer par anticipation le comportement de terroristes, ce qui peut éviter des milliers de morts. Au Mali, nous avons identifié plus de 200 tonnes d'armes, qui n'étaient pas destinées à assurer la sécurité de Bamako. En 2008, lors de la fusillade d'Uzbin, nous avions déjà souffert de l'absence de drones.
Si nous disposons de vieux Harfang achetés à Israël, dont les capteurs ont été adaptés par l'industrie française, nous n'avons pas de capacité de drones efficace. J'avais annoncé que je remédierais au problème dès que je posséderais une enveloppe indicative fixant le périmètre budgétaire pour la moyenne durée. Le Livre blanc prévoit l'acquisition de douze drones. Les drones d'observation – car il n'est pas question que la France se dote de drones armés – sont fabriqués uniquement par Israël et les États-Unis. Ceux-ci produisent le Predator, dont une version s'appelle le Reaper. Nous avons décidé de lancer des discussions avec l'un et l'autre pays pour acquérir le plus rapidement possible ces appareils immédiatement opérationnels, qui conditionnent une part de notre autonomie stratégique. Les discussions avec les États-Unis ne sont pas conclues, mais elles sont avancées.
Reste qu'il faut songer dès à présent aux drones de nouvelle génération, en espérant que nos industriels se mobiliseront pour préparer un produit de ce type.. Ce projet que je souhaite mettre en oeuvre avec d'autres pays est un sujet concret pour l'Europe de la défense. Plusieurs pays ont besoin d'un tel appareil, notamment la Grande-Bretagne et l'Italie, qui ont acquis le Predator, ou l'Allemagne qui envisage de le faire. Puisque, au-delà du besoin capacitaire immédiat, auquel nous répondons, on identifie un besoin capacitaire et industriel, allons-y !