Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous sommes réunis cet après-midi pour l'examen de la proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur le projet de fermeture de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord.
Sur tous les bancs de cet hémicycle, nous sommes fermement attachés à la sauvegarde des emplois industriels. Mais cette initiative, inscrite précipitamment à l'ordre du jour, pose plusieurs questions. Nous avons des inquiétudes, non seulement sur la recevabilité juridique de cette proposition de résolution – mais, monsieur le président, vous venez à l'instant de nous fournir des informations –, mais également sur le champ d'action proposé, qui nous semble particulièrement restreint puisqu'il ne porte que sur une unité de production, dans un seul département.
La fermeture d'une usine constitue à bien des égards un drame social et humain, auquel une très grande majorité d'entre nous ont déjà été confrontés dans leur circonscription.
Plus globalement, ce dossier met en évidence les difficultés que rencontre notre pays : le déficit de compétitivité de notre industrie, l'inadaptation de la boîte à outils présidentielle et la pression fiscale sans précédent que le Gouvernement inflige à nos entreprises conduisent inévitablement, hélas, dans tous nos territoires, à des fermetures d'usines qui émaillent quotidiennement nos journaux télévisés.
Allons-nous créer une commission d'enquête à chaque fermeture ? Et pourquoi une telle différence de traitement entre les usines du pneumatique et les autres usines qui composent notre outil industriel ? Les salariés de PSA Aulnay ou ceux du groupe Doux ne méritent-ils pas la même attention de la part de notre assemblée ? Et dans le secteur pneumatique, les salariés de l'usine Michelin de Joué-lès-Tours ne méritent-ils pas une attention semblable ?
Nous comprenons parfaitement l'intérêt politique des auteurs de cette proposition, qui sont issus du département concerné. Mais nous déplorons que la procédure parlementaire soit ainsi dévoyée et que notre assemblée soit sollicitée de la sorte. Le groupe UDI met en garde contre tout risque d'instrumentalisation de la commission d'enquête, laquelle ne saurait être un faire-valoir pour qui que ce soit.