M. Dufau, vous avez raison d'attirer l'attention de la Commission – il faudrait peut-être également attirer celle du ministère des Affaires étrangères - sur le fait que notre regard ne devrait pas être focalisé uniquement sur de grands pays comme l'Inde ou la Chine. Nous devons également regarder ce qui est en train de se passer aujourd'hui dans le monde émergent de l'Asie du Sud-est, que ce soit au Vietnam, en Indonésie, en Malaisie ou aux Philippines, car il y a là des relations à construire et des partenariats à élaborer. La question de l'influence de la France dans la péninsule indochinoise est réelle mais elle est actuellement mal exploitée. La péninsule indochinoise, au regard de son histoire, de sa francophonie, de ses échanges humains, de ses communautés, reste pour nous un grand champ en jachère qui nécessite que l'on s'y investisse plus, que la diplomatie et le monde économique français prennent conscience des potentialités qu'il y a là.
Le taux de croissance du Vietnam est de 5% mais les échanges commerciaux avec la France, bien qu'en développement, ne représentaient que 3 milliards d'euros en 2012, ce qui est très faible. Il y aura sûrement une discussion à avoir à ce sujet lors de notre prochaine rencontre avec le ministre des affaires étrangères, pour tenter de faire comprendre la nécessité d'ouvrir d'autres champs.
M. Myard a répondu partiellement à la question de M. Rochebloine sur l'article 5. Le mot « librement » signifie que l'Institut pourra exercer ses activités sans autorisation préalable. Jusqu'à présent, malgré une grande autonomie laissée à l'Institut, des procédures d'autorisation ou des échanges préalables étaient requis pour un certain nombre de manifestations organisées par l'institut français. Il fallait par exemple envoyer aux autorités locales la liste des intervenants et leur curriculum vitae, ou expliquer le cadre d'une exposition... Il a pu arriver que les autorités s'opposent à ce qu'une personne en particulier puisse intervenir dans une conférence. Le mot « librement » vient donc garantir l'autonomie de l'Institut. En réalité seuls trois incidents mineurs ont été recensés. Il faut au contraire souligner le fait que l'Etat vietnamien a toujours laissé une grande capacité d'action à l'Institut français et a facilité son développement, ce qui traduit un certain volontarisme dans la construction du partenariat culturel entre la France et le Vietnam.
Sur une population de près de 90 millions d'habitants, on estime à environ 450 000 le nombre de locuteurs francophones, dont 150 000 pratiquent notre langue au quotidien, essentiellement dans les tranches d'âge élevé. On compte aussi 250 000 francophones occasionnels et de nombreux apprenants, avec bien sûr une perte en ligne dans ce dernier cas. La mission d'information de notre commission sur la francophonie pourrait être l'occasion d'attirer l'attention sur l'effort à mener dans cette zone géographique où nous avons des positions anciennes.
En matière de visas, il n'y a pas de difficultés recensées pour l'exercice des missions de l'Institut français ni pour les migrations, et le nombre des étudiants vietnamiens qui viennent faire leurs études en France a augmenté de 40 % en trois ans. Il ne semble donc pas qu'il y ait de difficultés particulières. Le cas échéant, il faudrait attirer l'attention du ministre des affaires étrangères, car c'est un aspect important et en développement de notre coopération avec le Vietnam.
Concernant les lycées français, il existe deux établissements, l'un à Hanoï, l'autre à Hô Chi Minh Ville. Au regard de la demande, une extension est en projet. Quant aux 15 000 apprenants dans l'enseignement supérieur, ils ont vocation à participer à des échanges universitaires avec la France.