Intervention de Général Elrick Irastorza

Réunion du 25 juin 2013 à 18h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Elrick Irastorza, ancien chef d'état-major de l'armée de terre :

Il y a la dimension technique, je l'ai soulignée. Il y a aussi ce qui tient à la réorganisation fonctionnelle. Celle-ci, je l'ai portée à bout de bras en expliquant bien à l'armée de terre que le temps était fini où nous étions propriétaires de notre système de soutien, et que l'on était passé à une logique de relations client-fournisseur. Dans l'affaire qui nous occupe, ma préoccupation était que les CTAC tiennent le choc jusqu'au moment du basculement. Mais comment aurais-je pu savoir quelque chose du calculateur ?

Lorsqu'on nous proposait un véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI), on pouvait aller le voir sur le terrain, de nuit, de jour, l'essayer, tirer avec. Lorsqu'on nous a demandé de modifier le camouflage de l'armée de terre, ce qui coûtait très cher, on est allé sur le terrain de nuit, avec des jumelles, vérifier si nous étions ou non visibles, et on a conclu que ce n'était pas la peine de changer quoi que ce soit. Mais pour un calculateur, qu'on nous présentait comme la solution d'avenir, que pouvions-nous dire, nous à qui l'on avait bien expliqué que le temps était révolu où l'armée était propriétaire de ses systèmes, message que nous avions d'ailleurs loyalement répercuté dans nos formations ? Nous nous mettions dans la position du client, comme on nous disait que nous l'étions. Simplement, en l'espèce, le client a comme l'impression de s'être fait « refiler » un véhicule présentant des vices cachés, sans même parler du fait que les règles de circulation aussi avaient changé.

J'ai pris toutes mes responsabilités s'agissant du VBCI et si demain, il ne marche pas, je l'assumerai. Mais il y a des domaines où nous ne disposions pas des moyens techniques pour porter une appréciation.

Ma priorité à l'époque était Concerto. L'une des difficultés dans l'armée de terre a toujours été de connaître ses effectifs. Une situation de prise d'armes me remontait chaque semaine au moyen de tableurs Excel, c'était un peu long mais on arrivait à savoir où l'on en était. Je me suis dit qu'il fallait s'appuyer sur Concerto et me suis d'ailleurs mis en colère : comment Concerto allait-il pouvoir communiquer des éléments fiables au calculateur de solde si on n'arrivait pas à ce que les données saisies en son sein soient elles-mêmes fiables ? Dès 2009, et même avant, on a donc sensibilisé les personnels au maniement de Concerto et la direction des ressources humaines de l'armée de terre (DRH-AT) a cherché à fiabiliser au maximum les données qui y étaient saisies. Comparant les deux situations de prise d'armes chaque semaine, je pouvais repérer les écarts. Ils se sont peu à peu réduits, preuve que sur ce point Concerto fonctionnait bien et que le reste s'améliorait aussi.

En tant que chef d'état-major de l'armée de terre, je le redis, ma préoccupation était Concerto et les CTAC, de façon que les données saisies soient irréprochables – et la tâche n'était pas facile, car avec un flux de 15 000 personnes, certaines erreurs sont inévitables. Ma préoccupation n'était pas le calculateur lui-même, mais le tuyau qu'on allait y raccorder, et aussi le « débranchement » des CTAC.

Lorsqu'on a insisté auprès des personnels sur la nécessité d'accorder la plus grande attention à la saisie des données car dans quelques mois ce serait ces données-là qui permettraient de calculer la solde – ce qui était, encore une fois, mettre l'accent sur le tuyau –, ils en ont été motivés. Cela explique aussi leur déconvenue ultérieure, car ils pensaient que la paye serait en effet calculée sur la base des données saisies dans Concerto.

Pour le reste, nous avons exécuté les décisions qui figuraient dans les relevés de décisions.

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