Intervention de Michel Voisin

Réunion du 26 juin 2013 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Voisin :

En 1999, j'ai été rapporteur du texte relatif à la réserve, qui faisait suite à la professionnalisation. À l'époque, les estimations étaient faites logiquement par rapport aux effectifs. Je voudrais vous faire part d'une réflexion personnelle concernant le civilo-militaire, qui est lié à la réserve.

Si l'on veut que le civilo-militaire soit efficace, il doit allier le militaire et les civils réservistes. En réalité, la réserve ne fonctionne bien que dans la gendarmerie. Les réservistes y atteignent pratiquement tous leurs vingt jours d'activité par an et arrivent à progresser dans la carrière qu'ils se sont fixée. Ce n'est pas vrai dans les autres armes où les anciens militaires occupent dans la réserve opérationnelle, pendant les cinq ans de la réserve de disponibilité, des postes qui nécessitent d'être entraîné et d'avoir acquis certaines procédures. Il y a aussi des spécialistes – des juristes ou gens de chiffres – qui peuvent être employés à faire des audits. On s'aperçoit que le réserviste est employé au soutien des armées et des forces. Quelqu'un qui est spécialisé dans la climatisation, trouvera forcément un emploi pendant ses vingt jours. Il n'en est pas de même de ceux qui, ne possédant pas de spécialisation, s'engagent pour servir : ceux-là seront obligatoirement un peu floués. Ce problème a-t-il été analysé et pris en compte ?

Contre-amiral Antoine de Roquefeuil. Il est exact qu'il y a une grande différence entre les armées et la gendarmerie. Le réserviste dans la gendarmerie est tout de suite opérationnel et retire donc une satisfaction immédiate. C'est pourquoi la fidélisation est meilleure dans ce corps. Dans les armées, la technicité croissante des tâches a conduit à cantonner les réservistes à des tâches de soutien. Nous en sommes conscients mais c'est bien ce qui leur est le plus ouvert. Malheureusement, on ne voit pas comment les impliquer dans le coeur de métiers plus difficiles.

Par actions civilo-militaires, je pensais que vous entendiez présence des réservistes sur des théâtres d'opérations pour la phase de reconstruction de la paix. Sur cette notion, je dois reconnaître un échec, dû pas tant à l'organisation des armées qu'à celle de notre pays. L'État français est ainsi organisé que chacun des ministères des affaires étrangères et de la défense joue sa partie, les actions civilo-militaires de reconstruction d'un pays étant gérées par le Quai d'Orsay et non par la Défense, contrairement à ce que font les Anglo-saxons.

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