J'irai dans le même sens.
Je l'ai dit, en termes peut-être un peu plus politiques : la défense de hautes normes sociales et environnementales n'est pas seulement une exigence éthique, c'est la seule voie géopolitiquement praticable pour l'Europe.
Nous en sommes tous d'accord, il faut repenser les « solidarités concrètes » nées de la substitution d'industries de paix aux industries de guerre. Aujourd'hui, et cela constituera pour l'Europe un véritable test de crédibilité, nous devons substituer à l'industrie de la finance dérégulée une industrie propre à réduire l'hiatus démentiel entre l'économie réelle et l'économie spéculative. La « troisième révolution industrielle » prônée par Jeremy Rifkin permettra d'associer les énergies renouvelables et les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Grâce aux réseaux intelligents ou au stockage de l'hydrogène, chaque territoire, chaque maison se transformera en fournisseur d'énergie.
La question de l'approfondissement et de l'élargissement est très compliquée. Nous assistons à une très forte poussée du populisme et du nationalisme qu'on ne peut balayer d'un revers de la main en considérant qu'elle est le fait de crétins dévorés par le ressentiment : les partis politiques modérés n'ont pas de solutions à proposer en matière sociale. Si l'Union continue de s'élargir sans avoir préalablement soumis à un test de crédibilité ses capacités d'intégration sociale, nous serons confrontés à une véritable cassure. Il n'est pas question de s'interdire, à long terme, tout élargissement, mais il faut se saisir à bras-le-corps de la question de l'approfondissement.
Je reviens d'un forum des Young Leaders qui se tenait à Athènes : tous s'interrogent sur l'opportunité de poursuivre l'élargissement et considèrent que quelques tests de crédibilité s'imposent préalablement, en particulier pour garantir aux peuples européens un modèle social viable, qu'ils puissent s'approprier. En bref, ils demandent des preuves !