Il est vrai, cependant, que notre économie s'est affaiblie : elle a perdu en compétitivité et s'est endettée. Là est tout le défi, ou plutôt le double défi que nous affrontons : redresser le pays, c'est-à-dire redresser ses comptes publics et son tissu productif. Notre réponse est à la hauteur de ces défis.
J'en viens à présent aux orientations que nous avons retenues. Une réponse à la hauteur des défis, c'est d'abord s'engager avec détermination pour réorienter profondément les politiques européennes en faveur de la croissance. Là encore, prenons un peu de recul : par rapport aux autres grands pôles économiques de la planète comme les États-Unis, le Japon et la Chine, l'Europe prise dans son ensemble a tout à la fois la croissance la plus faible, le chômage le plus élevé, les déficits les plus bas, et même un excédent commercial. Cette réalité doit nous frapper ! Tous ces signaux mis bout à bout pointent dans la même direction, leur message est le même : le policy-mix, c'est-à-dire la combinaison des politiques monétaires et budgétaires de la zone euro, est trop restrictif. C'est pourquoi la France n'a cessé, depuis mai 2012, de demander une réorientation des politiques macroéconomiques, comme le font également le FMI et les États-Unis.
Le débat académique a connu ces derniers temps une sorte de bouillonnement, qui nous a aidés. Je citerai, à cet égard, les travaux d'Olivier Blanchard, qui rend hommage à la politique que nous menons. Tous ces travaux montrent qu'il faut maintenant se tourner vers la croissance : la croissance doit être la priorité, l'objectif central des politiques économiques.
Les lignes ont aussi bougé au sein de la Commission européenne, sous l'impulsion du Président de la République, notamment grâce au dialogue nourri que j'ai conduit avec le commissaire Olli Rehn. Ce mouvement a conduit la Commission européenne à donner plus de temps à plusieurs pays européens, dont la France, pour atteindre leurs objectifs de déficit nominaux. Elle a mis l'accent – c'était utile, et même indispensable – sur la réduction des déficits structurels et sur les réformes structurelles, qui doivent prendre le pas sur le « nominalisme ». C'est dans ce sens qu'il faut comprendre le délai de deux ans obtenu par la France pour ramener son déficit à 3 %. Il faut d'ailleurs se souvenir que si nous n'avions rien fait à notre arrivée, les déficits auraient dérivé autour de 5,5 % du PIB en 2012, peut-être même au-delà en 2013 !
Il faut à présent conforter cette avancée auprès de la Commission européenne. La Commission est dans son rôle lorsqu'elle examine notre stratégie budgétaire et économique, et lorsqu'elle adresse des recommandations visant à mieux coordonner les politiques économiques. Elle est dans son rôle lorsqu'elle nous appelle à faire des réformes.
En revanche – je dis cela dans l'enceinte de l'Assemblée nationale – il revient au Gouvernement d'une part et à la représentation nationale d'autre part de définir les modalités de ce rééquilibrage et les détails des réformes.