Vous nous expliquez les raisons pour lesquelles tout va mieux depuis lors, mais une omission me frappe dans votre propos. Vous nous expliquez que François Hollande, par le pacte de relance de la confiance à l'échelle européenne, a relancé un dispositif qui aurait apaisé les marchés. Mais les cent milliards d'euros de relance de l'activité économique, chacun le sait, n'ont été qu'un nouveau fléchage des fonds structurels européens qui étaient déjà dans les tuyaux. Le deuxième élément, c'est la recapitalisation de la banque européenne d'investissement, qui n'a pas encore produit ses effets. Inutile, donc, d'argumenter à ce sujet ; attendons de voir ce que cela donnera et tant mieux s'il en résulte des investissements européens.
Vous évoquez alors, monsieur le ministre, une deuxième idée de François Hollande : engager le fer, en quelque sorte, et respecter les signatures de la France, en particulier celle du traité budgétaire, c'est-à-dire de l'accord avec l'Allemagne. Au fond, le traité Merkel-Sarkozy, dénoncé avec tant de force pendant la campagne électorale, fut in fine ratifié par la France sous la signature de François Hollande. On ne peut que s'en féliciter, mais reconnaissons que si quelqu'un doit toucher les droits d'auteur de l'initiative, ce n'est certainement pas lui. Et vous nous expliquez enfin, monsieur le ministre, que l'addition de toutes les mesures a permis en quelque sorte de créer les conditions d'une stabilisation de notre économie. En fait, toutes les statistiques sont préoccupantes et tous les clignotants sont dans le rouge.
Une seule mesure a stabilisé les marchés et vous n'y êtes pour rien du tout, François Hollande pas davantage. Elle est due au président de la Banque centrale européenne. Je regrette votre omission sur ce point, monsieur le ministre des finances, car c'était un moyen pour vous de lui rendre hommage alors que votre collègue à Bercy ne cesse de lui taper dessus. La seule décision, la seule mesure utile prise depuis que nous avons quitté le pouvoir, ce fut l'initiative de M. Draghi, en juillet dernier, qui a mis en minorité le président de la Bundesbank au conseil des gouverneurs pour sauver l'Italie. Il a ainsi offert un pare-feu bazooka beaucoup plus puissant que n'importe quel mécanisme européen de stabilité, qui a rassuré les marchés sur l'intégrité de la zone euro.
À présent, trois menaces sont devant nous. La première est de nature financière et vous n'y pouvez pas grand-chose, c'est une menace obligataire. Il y a trop de liquidités en Europe et aux États-Unis, c'est une première menace. La deuxième menace est politique. Je n'ai que cinq minutes, j'irai à l'essentiel : il s'agit de l'addition des populismes due justement à des politiques qui n'apportent pas de réponses concrètes et dont la traduction est l'effet de ciseaux que l'on constate entre une base fiscale qui se réduit et des impôts qui augmentent. La troisième menace tient au fait que vous n'atteindrez pas votre cible, monsieur le ministre. Le président Carrez a expliqué à juste titre la semaine dernière qu'il manque déjà une quinzaine de milliards d'euros et qu'il y aura un trou de trente milliards d'euros.