Nous recevons M. Gérard Araud, représentant permanent de la France auprès des Nations Unies où notre pays occupe au sein du Conseil de sécurité une position stratégique qui nous donne une importante responsabilité.
Monsieur l'ambassadeur, en novembre dernier, lorsque nous nous sommes rencontrés à l'assemblée générale des Nations Unies, vous nous avez spontanément proposé de venir devant notre commission pour y être auditionné. Je vous en remercie.
Cette audition n'est pas ouverte à la presse, mais elle fait l'objet d'un compte rendu que nous vous soumettrons.
Ne pouvant aborder ce matin tous les dossiers dont vous avez la charge, je vous demanderai de vous concentrer sur deux sujets qui nous préoccupent vivement : la situation en Syrie et le Mali.
En ce qui concerne la Syrie, les efforts engagés par les États-Unis et la Russie pour la tenue d'une conférence, dite Genève 2, porteront-ils leurs fruits ? Nous savons depuis la déclaration de M. Brahimi que cette conférence ne pourra avoir lieu au mois de juin. Pourra-t-elle se tenir début juillet, sachant que le Ramadan débute aux alentours du 9 juillet ? Pouvons-nous encore espérer qu'elle aura lieu, compte tenu des difficultés qui entourent son organisation – notamment la présence d'une délégation de la coalition nationale syrienne – et sachant que la Russie et les États-Unis ne sont pas d'accord sur ses objectifs et sur le statut du gouvernement transitoire ? La France, quant à elle, est opposée à la participation de l'Iran à la conférence. Quels sont, de votre point de vue, les points d'accord et les blocages en vue de l'organisation de cette conférence ? La France a analysé des échantillons, recueillis par nos services, qui font état de l'usage, certes limité, d'armes chimiques par le régime syrien. Un rapport en date du 2 juin dernier de la commission d'enquête de l'ONU en fait également état, mais souligne que les armes chimiques sont essentiellement utilisées par le régime syrien, mais également par une partie de l'opposition.
La situation humanitaire en Syrie est dramatique. Le Conseil de sécurité a finalement adopté une déclaration visant à demander au gouvernement syrien de permettre l'accès des civils qui en ont besoin à une aide d'urgence. Les organisations humanitaires ont-elles pu accéder à la zone ?
Je me dois d'évoquer le débordement de la crise au Liban, où la présence massive du Hezbollah aux côtés des Syriens est désormais avérée. Quelles sont les conséquences de cette nouvelle donne sur les équilibres très fragiles du Liban ? Le Conseil de sécurité a adopté trois déclarations appelant à la préservation du Liban. Mis à part le déploiement de la Finul dans le Nord, qui paraît peu probable, comment pouvons-nous aider ce pays ?
Des incidents se sont produits sur le plateau du Golan entre Israël et la Syrie. À plusieurs reprises, des casques bleus ont été enlevés puis libérés, et récemment deux d'entre eux ont été blessés. Nous avons appris que l'Autriche s'apprête à retirer son contingent, qui est l'un des plus importants. Dans ces conditions, les casques bleus pourront-ils continuer à exercer leur mandat ?
Quel est, selon vous, le rôle des Nations Unies au Mali ? Comment se passe la mise en place de la Minusma, qui doit remplacer la Misma ? Êtes-vous confiant en ce qui concerne son financement ?
Si vous en avez le temps, peut-être pourrez-vous nous donner votre sentiment sur les changements survenus dans la diplomatie américaine.