Nous écouterons votre réponse avec un grand intérêt.
Monsieur l'ambassadeur, je vous félicite pour votre lucidité sur la situation au Mali. M. Loncle et moi-même, pour nous être rendus sur place, sommes en mesure de confirmer vos analyses.
Nous pouvons en effet nous féliciter de la réussite d'une intervention organisée à l'échelon international. Je pense toutefois qu'en évoquant un désengagement, vous allez trop loin car celui-ci n'aura pas lieu. Il faudra conserver sur place au moins 3 200 hommes, ne serait-ce que pour assurer la sécurité des forces de l'ONU. Réduire notre présence à mille hommes est un voeu pieux, mais ce ne sera pas la réalité.
La tâche qui est devant nous est considérable puisqu'elle cumule un Nation building et un state building. Il faut recoudre la Nation malienne, et ce n'est pas simple du fait de la présence des Touaregs, et reconstruire l'État malien, ce qui ne l'est pas non plus.
La situation à Kidal relève de l'urgence. L'armée française se trouve coincée entre les Touaregs, qui ne veulent pas partir, et l'armée malienne qui veut rejoindre le secteur. C'est une situation extrêmement inconfortable qui nous obligera, au cas où les négociations de Ouagadougou ne donneraient pas de résultat, à faire un choix.
Nous avons rencontré à Bamako Bert Koenders, ancien député et ancien ministre socialiste des Pays-Bas. J'ai confiance en lui et je crois la mécanique de l'ONU capable de faire du bon travail, d'autant que d'énormes moyens financiers ont été mis en place par la communauté internationale.
L'absence de nos industriels au Mali m'étonne. Notre commission se doit effectivement d'encourager les entrepreneurs français à prendre leur part dans les marchés, ne serait-ce que pour nourrir 12 000 soldats chaque jour dans des conditions extrêmes – il faut 12 litres d'eau par jour et par personne !
Je conclurai en disant que notre pays est engagé dans une situation très difficile, et pour un certain temps encore.