Je salue la qualité de votre travail, monsieur l'ambassadeur, mais je reste opposé – c'est une position minoritaire dans cette assemblée – à l'intervention française au Mali. Vous envisagez l'organisation à marche forcée d'élections, mais les listes électorales ne sont pas mises à jour et un très grand nombre de personnes ont été déplacées.
Aux dires du Président de la République et du Premier ministre, nous avons engagé notre présence au Mali pour lutter contre le terrorisme. Je vous rappelle que nous n'avons pu empêcher le terrorisme au Niger, pays voisin du Mali.
Nous sommes devenus dans cette région du monde les obligés de régimes qui ne brillent pas par leurs vertus démocratiques – je pense aux régimes tchadien, algérien et mauritanien. Dans cette région déjà extrêmement fragile, il était peut-être nécessaire d'intervenir pour arrêter les « narcodjihadistes » ou les délinquants djihadistes qui s'apprêtaient à fondre sur Bamako, mais si cette intervention était nécessaire, c'est que notre politique d'aide au développement est particulièrement défaillante et que nous avons, avec les Américains, formé des militaires – plus de 1 600 je crois – qui se sont empressés de passer de l'autre côté avec armes et bagages.
Au cours d'un dîner que vous aviez organisé à votre résidence en présence de tous les ambassadeurs auprès de l'ONU, nous avons entendu l'ambassadeur du Mali dire que ses ennemis étaient moins les djihadistes que les Touaregs… Je partage le sentiment de notre collègue Pierre Lellouche : nous sommes loin d'avoir quitté cette région et nous y resterons beaucoup plus longtemps que ce qui nous a été annoncé. Considérant le rôle que jouent les militaires français en Centrafrique et l'installation d'un certain nombre de bases militaires, je me demande s'il ne s'agit pas de néocolonisation…