Absurdité dans la condamnation du passé récent. Parce qu'ils étaient cumulards, il y a encore quinze mois, M. Hollande, M. Ayrault, M. Bartolone, M. Valls étaient-ils de mauvais élus ? C'est ce que je déduis des arguments de certains défenseurs du non-cumul. Je suis décidément inquiet pour la France puisque c'est entre leurs mains que repose, à court terme, l'avenir de la France.
Absurdité dans l'incapacité d'aller jusqu'au bout d'une réforme : le mode de scrutin des députés les obligera toujours à une présence hebdomadaire dans leur circonscription. Qui s'interroge plutôt sur l'organisation du travail dans nos assemblées ? Qui s'interroge sur la différence entre le député qui exerce des responsabilités particulières à l'Assemblée nationale et le député de base ? Qui s'interroge sur notre capacité à résister au pouvoir de la technocratie ? Comme le professeur Gicquel l'indiquait en 1998 : « Le cumul apparaît comme le meilleur moyen de lutter contre la technocratie. Un élu, fort de son expérience au plan local, peut résister à l'argument d'autorité des technocrates et développer une autre approche des problèmes. » Sages paroles !
Absurdité dans le caractère totalement liberticide de ce texte : on tue la liberté des élus et des électeurs. Un élu est contre le cumul, il ne cumule pas. Un élu est favorable au cumul, laissons-le cumuler et organiser sa vie pour assumer ses mandats. La décision finale doit revenir aux électeurs qui choisiront en toute liberté s'ils acceptent le cumul pour le candidat à leurs suffrages.
Absurdité suprême que l'amendement adopté en commission visant à limiter le nombre des mandats à trois successifs. Examinons l'Histoire et qu'on ne vienne pas me dire qu'il s'agit d'une autre époque. Le Tigre n'aurait jamais rugi : Georges Clemenceau aurait été médecin de campagne en 1917. L'archange de la Paix n'aurait pas déployé ses ailes et reçu le prix Nobel : Aristide Briand serait redevenu depuis longtemps avocat en 1929.