Je vais être brève car M. Thierry Braillard a très bien résumé le contenu de notre rapport d'information. Je formulerai simplement quelques remarques.
Tout d'abord, il faut renoncer à avoir une vision homogène de la Ligue 1. Celle-ci est constituée, d'un côté, de clubs comme le Paris Saint-Germain ou l'AS Monaco et, d'un autre côté, de clubs qui n'ont rien à voir avec les premiers sur le plan financier. Il n'existe pas d'unité au sein de la Ligue 1, comme le montrent les discours tenus par les présidents de clubs. Certains ont déjà en tête une ligue fermée constituée des seuls clubs se trouvant en capacité de figurer dans les championnats européens. D'autres sont ouverts, par exemple, aux idées de limitation des transferts ou de la masse salariale parce qu'ils rencontrent des problèmes de gestion.
Ensuite, les clubs sont dépourvus de perspectives de financement à très long terme, que ce soit, par exemple, en matière de droits télévisés ou encore d'investissements étrangers. J'ai posé à des représentants du Paris Saint-Germain et de l'AS Monaco la question de la pérennité des apports d'actionnaires, en provenance d'un fonds d'investissement du Qatar, dans le premier cas, et d'un oligarque russe, dans le second. Ils n'en savent rien. À cela on doit ajouter l'aléa sportif, sans perspective de financement alternatif.
J'en viens maintenant aux transferts. La Ligue de football professionnel demande à l'AS Monaco de se mettre en conformité avec son règlement, ce qui est tout à fait normal. Toutefois, dans le même temps, l'on voit l'Olympique Lyonnais céder un jeune joueur de 17 ans pour 5 millions d'euros à l'AS Monaco ! Il y a là beaucoup d'incohérence.
Les pistes de travail concernant l'accueil du public, le rapport aux supporters ou encore l'utilisation des stades ne me semblent pas assez explorées par les présidents de clubs.
Quant au fair-play financier, il présente une série de caractéristiques très positives. Il recèle toutefois un danger, celui de « figer » l'inégalité de la situation des clubs. Par ailleurs, le mouvement sportif s'est doté, avec cette règle, d'un outil de régulation de la finance, mais il ne peut faire l'économie d'une intervention de la puissance publique dans un certain nombre de domaines. On peut citer celui des agents sportifs, mais aussi celui du statut juridique des clubs. Celui de société anonyme de droit commun ne garantit en effet ni la transparence nécessaire, ni une capacité d'adaptation suffisante à l'aléa sportif.
Nous avons par ailleurs besoin de l'Europe. En matière de lutte contre le dopage, la France a pris les premières initiatives, pour être ensuite appuyée par l'Europe, ce qui a permis, finalement, de créer l'Agence mondiale antidopage (AMA). Dans le domaine qui nous intéresse ici, l'Europe doit persister dans la reconnaissance de la spécificité sportive mais aussi créer un Observatoire du sport professionnel. Peut-être, à plus long terme, pourrons-nous avoir, sur le plan international, un organisme nous permettant de lutter contre toutes les formes de dérives, en matière, par exemple, de paris sportifs en ligne.
J'ajouterai que le travail que nous avons mené n'a visé ni à juger ni à stigmatiser, mais à assurer la pérennité du football professionnel français dans le cadre fédéral et dans celui d'une mutualisation avec le football amateur. Il a eu aussi pour ambition de redonner à ce sport une image positive et populaire, malheureusement trop écornée au cours des dernières années.