Les rapporteurs que nous sommes ont bien conscience que nos recommandations seront davantage commentées dans les médias spécialisés et dans le monde du football professionnel qu'au sein de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, tant elles touchent parfois à des aspects techniques et de gestion. Elles ont au demeurant vocation à inspirer l'ensemble du monde sportif professionnel, même si, pour notre part, nous avons concentré notre attention sur le fair-play financier à l'échelle européenne et sur son application au modèle économique des clubs de football de Ligue 1 et de Ligue 2.
Au cours des précédentes législatures, nous avons été amenés à légiférer, notamment sur la question des agents sportifs et sur celle de l'investissement dans les stades. J'ai aussi en tête nos débats sur la circulation des joueurs à la suite de l'arrêt Bosman. Nous nous sommes également penchés sur la question des médias télévisés et de la diffusion de compétitions sur des chaînes publiques. Aujourd'hui, la masse d'argent investie par un grand diffuseur international pose question car la donne est complètement bouleversée.
À travers nos recommandations, et nonobstant le caractère contrasté des avis recueillis lors de nos auditions, je crois pouvoir dire que nous avons voulu apporter un peu d'éthique dans le sport professionnel. Les dérives que l'on peut reprocher à un certain nombre de dirigeants de clubs ou d'investisseurs ont conduit le système à bout de souffle.
Il est aujourd'hui possible d'avoir un championnat de France avec des équipes professionnelles où ne figure aucun joueur français parmi ceux qui entrent sur le terrain. Cela dénature l'idée d'équipe représentant telle ou telle ville. La circulation des joueurs est sans doute utile et inévitable aujourd'hui, mais il pourrait y avoir davantage de continuité entre les clubs et la filière de formation. De ce point de vue, il importe d'autoriser les clubs professionnels à consacrer à la formation des joueurs les moyens financiers et humains nécessaires. Ceci contribuera à éviter les dérives actuelles en matière de coût des transferts et de salaires de joueurs recrutés à l'extérieur. Nous refusons, pour notre part, la marchandisation des joueurs qui fait que, aujourd'hui, l'on peut démarrer une saison avec un groupe de joueurs, en changer pour de nouveaux en janvier, et se séparer de ces derniers en fin de saison. Ces mouvements de joueurs s'accompagnent de flux financiers au bénéfice massif de quelques-uns. Les montants des transactions sont inconcevables dans le contexte actuel. Quant aux rémunérations des agents de joueurs, elles sont toujours, malgré l'intervention du législateur, d'une grande opacité.