Intervention de Philippe Noguès

Séance en hémicycle du 3 octobre 2012 à 21h30
Ratification du traité sur la stabilité la coordination et la gouvernance au sein de l'union économique et monétaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Noguès :

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, nous sommes sûrement une large majorité dans cette assemblée à considérer que l'Europe est notre avenir. Ce sentiment est malheureusement de moins en moins partagé par les citoyens européens, pour qui l'Union se résume trop souvent à l'image d'une technocratie lointaine, celle des circulaires et des marchés financiers, indifférente à leurs préoccupations, voire hostile.

Incontestablement, nous sommes aujourd'hui à un tournant, et nous devons faire ce choix : ou bien nous basculons définitivement dans ce grand marché de libre-échange qu'est devenu au fil du temps l'Europe, ou bien nous retrouvons l'esprit de ses fondateurs : une Europe politique forte, car unie, garante de la paix et protectrice pour ses citoyens.

Pour cela il nous faut absolument retrouver des marges de manoeuvre économiques et politiques. À l'échelle de la France, nous devons retrouver une plus grande souveraineté politique et cela passe évidemment par la réduction de la dette, qui est chez nous, comme presque partout en Europe, le premier poste du budget.

Mais, soyons lucides : maîtriser les déficits en période de stagnation économique, voire de récession, sans contrepartie pour la relance de l'activité, ne permettra pas de sortir l'Europe de la crise. On constate chaque jour les dégâts d'une telle politique, celle des coupes claires dans les dépenses sociales et d'avenir, en Grèce bien sûr, mais aussi chez nos voisins espagnols, italiens ou portugais. Et le texte, seul, du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance ne répondait pas à cette double nécessité : réduire les déficits, d'une part, et relancer une croissance durable et pérenne d'autre part.

À l'époque, ce traité, en l'état, je ne l'aurais pas voté. J'ai d'ailleurs d'abord hésité. Mais il s'est incontestablement passé quelque chose d'important lors du sommet européen des 28 et 29 juin derniers. L'aggravation de la situation économique et sociale en Grèce, en Espagne et en Italie, et surtout le risque réel d'explosion de l'euro ont achevé de démontrer, s'il en était besoin, la pertinence de la position de François Hollande.

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