Intervention de Laurence Abeille

Réunion du 2 juillet 2013 à 10h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Abeille :

Pour les écologistes, la réalisation des projets d'infrastructure doit être guidée par le souci des besoins des usagers en matière de transports collectifs confortables et efficaces, de notre empreinte écologique et de nos engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces objectifs commandent de privilégier le rail et de réussir le report modal vers des transports moins carbonés. Il est nécessaire de garder à l'esprit cette donnée écologique lorsqu'on réfléchit à l'aménagement du territoire et à l'avenir de nos infrastructures de transport.

C'est pourquoi notre groupe partage trois conclusions essentielles de ce rapport. Premièrement, il vaut mieux moderniser les lignes existantes plutôt que de construire de nouvelles lignes à grande vitesse. Deuxièmement, il faut que l'État continue de soutenir les transports collectifs. Troisièmement, certains projets pharaoniques captent l'essentiel du financement au détriment de projets bien plus utiles économiquement et socialement. Je pense notamment au projet Lyon-Turin, qui coûterait près de 30 milliards d'euros, alors que le trafic entre la France et l'Italie est en baisse, que des solutions alternatives existent et que la viabilité économique de ce projet n'est absolument pas assurée.

Certains projets me semblent incompatibles avec l'idée même de mobilité durable. Notre collègue Eva Sas, membre de la commission « Mobilité 21 », a pointé notamment le projet d'autoroute A 45, qui entraînerait l'artificialisation de 500 hectares de terres agricoles et favoriserait un report modal du rail vers la route, soit l'inverse de ce vers quoi nous devons tendre ! Notre politique de transport doit être structurée autour de l'objectif d'un report modal vers les alternatives à la route si nous voulons respecter nos engagements écologiques.

De même, le problème de l'artificialisation des sols me semble insuffisamment pris en compte dans la sélection des projets. Le chiffre souvent avancé d'une artificialisation de l'équivalent d'un département français tous les sept ans est révélateur du manque de conscience de ce problème. Nous devons parvenir le plus rapidement possible à arrêter ce processus, notamment pour préserver la biodiversité. C'est pourquoi il me semble plus qu'inopportun de programmer de nouvelles artificialisations. C'est pourtant le cas avec le projet de contournement d'Arles, qui empiète sur des terres agricoles et sur le Parc naturel de Camargue. Ce type de projet va à l'encontre d'une vision durable de la mobilité.

J'aimerais enfin savoir le rôle que joueront les parlementaires dans la définition des projets retenus dans le SNIT. Ils doivent pouvoir débattre de la pertinence de l'ensemble de ces projets, notamment du point de vue écologique.

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