Vous avez insisté, à juste titre, sur les conditions nécessaires au succès des programmes d'armement en coopération. Permettez-moi par conséquent de souligner à nouveau l'importance de l'articulation entre le politique, le militaire et les ingénieurs de l'armement. Si nous nous interrogeons aujourd'hui sur ces questions, c'est parce que nous avons relevé des manques et des insuffisances en la matière – qu'il s'agisse de surcoût ou de prolongation des délais de livraison. Votre intervention nous confirme donc vers quel idéal il nous faut tendre tout en nous permettant de mesurer à quel point le passé et les évolutions géopolitiques actuelles peuvent peser sur les conditions de mise en oeuvre de ces programmes.
Je souhaiterais pour ma part vous interroger sur le format « Weimar ». Ayant reçu la semaine dernière des sénateurs polonais également accueillis par notre Commission des affaires étrangères, j'ai eu l'occasion de m'apercevoir que lorsque l'on connaît mal l'histoire – notamment récente – de ce pays, il peut arriver de commettre des erreurs de langage qui obèrent ensuite nos conditions de dialogue. Cela dit, nos relations politiques avec la Pologne ont récemment repris un peu de force et nous nous trouvons désormais dans les conditions d'un véritable triangle isocèle, ce qui n'était pas le cas auparavant dans le cadre de l'axe franco-allemand.
Je poserai deux questions concernant la Pologne. Quant à la relance de la politique de défense européenne, le format de Weimar, qui est fondé sur une relation trilatérale, constitue-t-il une opportunité et une carte à jouer ? C'est peut-être en effet en ce domaine que nous parviendrons plus aisément à l'interopérabilité, à condition que l'envie de coopération – en particulier avec la Pologne – se fonde avant tout sur de véritables objectifs politiques. Si nous n'abordons en revanche notre relation avec les Polonais uniquement sous l'angle du vendeur de potentiel d'armement, nous échouerons. Qui connaît l'échiquier politique polonais s'aperçoit qu'une partie de celui-ci demeure méfiant sur ce sujet et se trouve davantage attiré par un travail partagé dans le cadre de l'OTAN. Cela étant, le fait que nous ayons réintégré le commandement militaire peut nous redonner des chances.
Que pensez-vous du regroupement des unités des trois pays depuis le 1er janvier 2013 dans le cadre de la force de réaction rapide de l'Union européenne – allant dans le sens non pas des programmes d'armement en coopération, mais de l'interopérabilité ?