Monsieur Cornut-Gentille, la coopération franco-britannique connaît des hauts et des bas, mais même durant les périodes moins favorables, la tendance reste positive. Rapidement après le traité de Lancaster House, la guerre en Libye nous a contraints de mettre entre parenthèses certaines de nos demandes.
Un senior level group – situé à Downing Street et à l'Élysée –, la Letter of intent entre mon homologue britannique et moi-même, des groupes travail animés par nos adjoints et des high level working groups – présidés par le DGA et son homologue – permettent de faire fonctionner cette coopération et de réaliser des avancées. Si le projet de l'ANL n'avait pas abouti, des doutes se seraient exprimés sur l'état de notre entente, mais nous nous connaissons de mieux en mieux ; ainsi, nos deux pays échangent des officiers insérés – qui ne sont pas seulement des officiers de liaison, car ils remplacent des officiers nationaux – et des informations, notamment sur l'Afrique où nous profitons de leur expertise sur l'Afrique anglophone et eux de la nôtre sur l'Afrique francophone.
L'organisation actuelle, née à Lancaster House, fut initiée par Gordon Brown et elle a été poursuivie par David Cameron, alors que cette continuité n'allait pas de soi. Je ne crains donc pas de retour en arrière, même si les menaces existent : elles sont avant tout de nature économique et si l'un de nos deux pays restait plus longtemps en crise, l'autre pourrait s'en désintéresser. Afin de préserver l'avenir de notre association, nous acceptons ainsi d'assumer une charge plus lourde que la Grande-Bretagne dans notre coopération bilatérale.
Monsieur Launay, le programme 146, « Équipement des forces », est coprésidé par le délégué général pour l'armement et le chef d'état-major des armées ; la DGA a résisté à ce partage des pouvoirs au moment de la mise en place de la LOLF, mais l'exigence de cohérence prima. Certains défendent encore l'idée d'une responsabilité unique de la DGA sur ce programme, ce qui déboucherait sur la fabrication de matériels sans doute performants, mais qui ne seraient pas pensés en fonction des besoins. Je reste donc attaché à la coprésidence, système qui paraît baroque, mais qui fonctionne. Pourquoi changer ce qui marche ?