Intervention de Jean-Christophe Fromantin

Réunion du 4 juillet 2013 à 11h00
Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Fromantin, rapporteur :

L'Europe constitue un vrai sujet à bien des égards. D'abord, en matière monétaire, il y a deux manières de lire l'euro dans le cadre de l'export : la manière française, qui conditionne l'amélioration de la compétitivité à la baisse de l'euro, et la manière allemande, qui privilégie l'intégration de biens intermédiaires importés pour se focaliser sur la valeur ajoutée, et gagne donc à avoir un euro fort. Ainsi, la Porsche Cayenne est construite à 90 % avec des produits importés. Elle ne représente certes pas l'essentiel des ventes de l'industrie allemande, mais c'est une locomotive dans sa gamme. La doctrine sur l'euro à l'export diffère donc selon la structuration des économies industrielles.

Nous avons ressenti dans nos rencontres, y compris à Bruxelles, de la frilosité vis-à-vis de l'idée d'un jeu collectif européen dans l'export. Pourtant celui-ci trouverait à s'appliquer dans de multiples domaines. Par exemple, les informations sur les barrières non tarifaires, dont tout le monde a besoin avant d'aller prospecter hors Europe, ne sont pas mutualisées dans un outil européen. Un tel outil pourrait être formaté de telle manière que chaque PME, qu'elle soit française, allemande, espagnole ou danoise, puisse avoir accès très simplement à une base de données dédiée. On manque de cette information concentrée puis redéployée. Nous avons également évoqué l'idée de maisons accueillant des PME à l'étranger. Plutôt que chaque pays investisse dans un bâtiment, pourquoi ne pas avoir une grande maison, un grand centre d'affaires européen ? Outre que cela aurait l'avantage de mutualiser une dépense publique, il n'est pas mauvais, compte tenu des chaînes de valeur de plus en plus entremêlées, qu'une entreprise française côtoie, dans un immeuble de Singapour, des sociétés allemandes, espagnoles ou italiennes. La coopération ainsi établie entre entreprises européennes projetées dans le grand export irait tout à fait dans le sens que défend Mme Auroi.

La responsabilité des multinationales vis-à-vis de leurs sous-traitants est fortement liée à la logique économique dans laquelle on s'inscrit : dans une spirale de baisse des prix, et donc de faible valeur ajoutée, la tentation sera de plus en plus forte d'aller chercher le moins-disant, au mépris de toutes règles sociales ; si l'accent est davantage mis sur la valeur ajoutée, l'impact des biens intermédiaires sera diminué et on pourra inciter les sous-traitants, y compris dans les pays en voie de développement, à adopter une politique moins radicale.

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