J'ai beaucoup apprécié vos commentaires à propos des efforts entrepris par nos équipes pour améliorer la qualité des relations entre La Poste et les élus. Soyez certains que je leur ferai part de vos remarques.
Nous n'aurons pas d'autre choix, dans les années qui viennent, que d'adapter l'entreprise à son nouvel environnement. Notre politique sera guidée par le souci de préserver la qualité du service, d'être attentif aux hommes et aux femmes qui vivront cette transformation et de préserver la bonne santé économique de l'entreprise.
Ces conditions ont été remplies. C'est pourquoi les dépenses sur de longues périodes, qu'il s'agisse des dépenses de fonctionnement ou des masses salariales, sont relativement constantes, même si notre activité et notre chiffre d'affaires diminuent. C'est dans ce contexte que nous avons procédé à des diminutions d'effectifs, en veillant à ce qu'elles se déroulent le mieux possible. Personne n'a été laissé au bord de la route et chacun a trouvé une place à l'intérieur de l'entreprise. Nous avons fait nôtres les conclusions du rapport de Jean Kaspar et, d'ailleurs, nous avons signé, au début de l'année, un contrat sur la qualité de vie au travail, nous nous sommes engagés à ouvrir des négociations sur huit chantiers relatifs à l'organisation du travail et au dialogue social, et nous signerons prochainement un accord sur le travail à domicile : ces éléments témoignent de la dynamique que nous avons mise en place.
Grâce aux 5 000 emplois supplémentaires que nous avons créés, les effectifs n'ont diminué en 2012 que de 2 500 emplois. Notre engagement a donc eu un impact réel sur l'emploi. D'ailleurs, même si nous sommes obligés de mener une politique de baisse des effectifs, nous restons un employeur exemplaire : en 2012, le groupe a recruté 9 600 personnes, ce qui en fait l'un des premiers recruteurs de France. Nous nous sommes engagés à créer un millier d'emplois d'avenir en 2013 et 2014, et en avons déjà créé 200. Nous avons en outre signé plus de 5 500 contrats d'apprentissage, dont plus de la moitié sont embauchés dans l'entreprise, sans compter les étudiants que nous accueillons en stage. En 2012, nous aurons contribué à l'embauche, à l'emploi ou à la formation de plus de 20 000 jeunes, et nous avons la volonté de poursuivre cette politique.
Nous nous sommes engagés à proposer à chaque postier une formation annuelle et nous ferons dès 2013 des progrès significatifs en matière de formation.
La question des agents reclassés – ceux qui ont refusé d'entrer dans le système en 1990 – est récurrente. Ils ont la possibilité, s'ils souhaitent bénéficier des mêmes avantages, de rejoindre la cohorte de ceux qui ont accepté le nouveau dispositif.
En ce qui concerne notre présence territoriale, nous développons de nouveaux partenariats, par exemple avec les bibliothèques, et créons des points de contact intercommunaux. Nous expérimentons par ailleurs une autre forme de mutualisation entre les différents métiers de l'entreprise en confiant aux facteurs, dans le cadre de leur tournée, les bureaux de poste dont l'activité est très faible. Cette solution est saluée par les personnels, notamment les facteurs, et par la population locale.
En effet, monsieur Chassaigne, le regroupement du tri augmente la durée de trajet des facteurs, mais ce regroupement est nécessaire, car il améliore la performance de l'activité de tri. Cela dit, grâce aux nouvelles technologies, nous sommes aujourd'hui en mesure de remettre au facteur sa sacoche déjà fabriquée, ce qui lui évitera de se déplacer.
Avec la Lettre verte, le nouveau contrat de service public élargit le service universel, qui ne comportait jusqu'à présent que la lettre prioritaire. Au lieu d'imposer un produit au public, nous lui offrons une gamme triple avec la lettre prioritaire, la Lettre verte et la lettre électronique.
Le problème de l'accès aux timbres rouges dans certains bureaux a été totalement résolu. Si le bureau dispose d'un seul automate, nous proposons le produit le moins cher ; s'il dispose de deux automates, l'un d'entre eux délivre des timbres verts et l'autre des timbres rouges.
La Banque Postale a réussi en moins d'un an à mettre en place le financement des collectivités territoriales, ce qui représente une véritable performance. Nous prévoyons de délivrer près de 3 milliards de crédits pour l'année 2013, ce qui correspond à 15 % du marché. Selon notre analyse, partagée par les élus locaux, nous ne connaîtrons pas d'insuffisance de financement en 2013 et 2014, bien au contraire, car nous assistons à une inversion du marché. Celle-ci est due à la présence d'un nouvel acteur, La Banque Postale – qui a réveillé les autres acteurs – au fait que les grandes collectivités font directement appel au marché, et à la mise en place par la Caisse des dépôts d'un dispositif de financement des prêts supérieurs à vingt ans de l'ordre de 4 milliards d'euros. Tous ces éléments, auxquels s'ajoute un calendrier électoral qui fait que la demande sera vraisemblablement un peu plus faible en 2013 et 2014, nous autorisent à penser que, dans les deux ans qui viennent, nous ne connaîtrons pas d'impasse de financement comme ce fut le cas les années précédentes.
Si le jeu reste très ouvert, nous avons désormais une vision assez précise du développement de La Poste pour les quinze prochaines années. L'avenir se construira autour de trois grands domaines. Il s'agit d'abord de la distribution des services – courrier, colis – à domicile. La Poste doit renforcer son poids dans le domaine du e-commerce, non seulement dans la livraison, mais sur l'ensemble de la chaîne – nous avons ainsi acheté des entreprises qui se spécialisent dans la e-logistique –, pour éviter de se faire écraser par des groupes comme Amazon. Le réseau mobile de La Poste – facteurs, porteurs de colis –, sa présence sur le territoire et la possibilité, grâce au numérique, de renforcer la cohérence de ces dispositifs lui permettent d'offrir de nouveaux services innovants de qualité et constituent à ce titre un formidable atout.
Le deuxième grand volet concerne l'enseigne et l'activité de La Banque Postale dont la réussite – au-delà de ce qu'elle apporte par ailleurs – constitue un levier fondamental pour le maintien sur l'ensemble du territoire des bureaux de poste en propre. En effet, ces derniers ont disparu dans les pays où, comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, les postes n'ont pas d'activités bancaires. Il nous faudra développer tant le service aux particuliers que notre appui au développement des territoires.
Enfin, l'international constitue le troisième pilier de notre développement. Le colis express représente une part très significative de notre activité ; sur les 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans ce domaine, plus de 3 milliards viennent de l'international. Poussés par le phénomène de concentration, nous devrions dépasser notre stature d'ores et déjà européenne pour aller vers une dimension plus mondiale. En effet, dans le monde actuel, pour exister à l'international, il faut être fort en France, et inversement. La Poste a déjà fait énormément de progrès, entrant – sous des marques différentes – dans le club très resserré des quatre acteurs mondiaux qui transportent plus de 1 milliard de colis par an, qu'elle partage avec Fedex, UPS et DHL. Il nous faut consolider cette position favorable dans les années à venir.
Jusqu'à présent, sur les 2,7 milliards d'euros d'augmentation de capital de La Poste, 860 millions ont été affectés à La Banque Postale ; une autre augmentation de capital est prévue, dans laquelle les fonds propres occuperont une place plus large, la partie capital s'élevant à quelque 200 millions. Il s'agit, certes, d'une part significative des 2,7 milliards, mais La Banque Postale en a besoin. Nous avons également effectué beaucoup d'investissements pour développer la chaîne du e-commerce et les activités internationales, notamment dans le domaine de l'express. Nous disposons donc d'une réserve pour financer la croissance externe dont les volets reprendront – en fonction des opportunités – les grands axes de notre plan stratégique : la distribution et les services à domicile sur tout le territoire – avec une présence renforcée dans le e-commerce, le numérique et la logistique urbaine –, le domaine bancaire et l'international.
L'ouverture des nouveaux points relais, en plus des milliers qui existent déjà, apparaît non seulement judicieuse, mais incontournable. La rapide croissance du e-commerce est portée par la livraison hors domicile ; les bureaux de poste ne suffisent pas à absorber la demande, et nous avons besoin de points de livraison encore plus ouverts et plus denses. Seul un bon système de points relais peut permettre de devenir un acteur puissant du e-commerce, et les entreprises se les disputent. C'est pour ses 4 000 points en France que le groupe Otto rachète les 3 Suisses, et il viendra nous concurrencer sur ce terrain.
L'importante croissance des réclamations doit beaucoup à l'amélioration de leur système de traitement : désormais, nous les identifions toutes et y répondons rapidement. Lorsqu'un usager estime que sa réclamation a été mal traitée au premier niveau, il peut faire appel au médiateur de La Poste, qui étudie un millier de dossiers par an environ.
L'open data constitue pour nous un véritable enjeu, et nous comptons le mettre au service du public. Pour commencer, dès 2014 ou au plus tard début 2015, nous mettrons au point une application qui permettra à chaque usager, où qu'il se trouve, de repérer la boîte aux lettres la plus proche et de connaître l'heure de la levée. Il s'agit d'un service de tous les jours adapté au monde d'aujourd'hui.
Monsieur Chassaigne, en matière d'évaluation de l'activité des bureaux de poste, nous allons en effet vers davantage de transparence ; outre le nombre d'usagers, La Banque Postale tient compte du poids des dépôts et de la contribution de chaque bureau de poste au produit net bancaire (PNB).