Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission, mes chers collègues, il est des sujets qui méritent un consensus. La présente proposition de loi, visant à instituer une journée nationale de la Résistance, est de ceux-là.
Adoptée au Sénat par 346 voix contre deux, elle concrétise des initiatives diverses et anciennes. Rappelons en particulier la proposition de loi de M. Philippe Séguin, en 1979. La commission de la défense a également adopté, sans aucune modification et à l'unanimité, les trois articles proposés.
Nous célébrons cette année les 70 ans du Conseil national de la Résistance, qui s'est réuni pour la première fois le 27 mai 1943. Sa composition pluraliste a renforcé la forme institutionnelle qu'il allait conférer à la Résistance. Symbole du consensus politique et syndical, le CNR est le symbole de l'unification de la France résistante, et permet d'évoquer la mémoire des femmes et des hommes qui, comme Jean Moulin, ont choisi de faire don de leur vie pour notre pays et ses valeurs démocratiques.
À partir de ce 27 mai 1943, la Résistance intérieure se coordonne, devient plus efficace et participe, avec le général de Gaulle, à redonner à la France son rang au sein des nations alliées.
Cette proposition de loi se veut pédagogique, comme l'a très justement rappelé Mme la rapporteure. Il nous faut en effet renforcer les liens entre les Français – en particulier les jeunes Français – et l'histoire. Associer les jeunes à cette journée est indispensable.
Il faudra en particulier rappeler qu'à ce moment de notre histoire où notre pays était sous le joug de la dictature et de l'oppression, la jeunesse de France a pris toute sa part à la lutte pour redonner à notre pays espoir et dignité.
C'est un symbole très fort qu'il nous appartient de rappeler à l'heure où notre jeunesse s'interroge sur sa place au sein de la société et sur son avenir. Dans les pires moments de notre histoire, leurs aînés ont su montrer la voie de l'engagement au service d'un dessein commun.
Car le CNR représente aussi l'action collective pour bâtir une société plus juste et plus solidaire. L'héritage de ces partis et de ces syndicats rassemblés, c'est en effet celui de notre système de sécurité sociale, du droit de vote des femmes, de la modernisation de la presse et d'une nouvelle constitution.
Il est néanmoins nécessaire que cette journée de commémoration soit marquée par un moment de rassemblement, organisé par les lycéens et leurs professeurs, auxquels pourront se joindre toutes les organisations qui portent les symboles de la résistance à l'oppression.
Dans ma circonscription, à Beaune-la-Rolande, un lycée professionnel est bâti sur le site d'un camp de transfert avant déportation. Tous les ans, des actions pédagogiques sont menées par le corps enseignant pour rappeler cette page de notre histoire. Les commémorations, auxquelles sont associés les jeunes, sont l'aboutissement naturel de ces actions pédagogiques, où toutes les générations se retrouvent pour un instant de recueillement.
Ainsi que le montre cet exemple, il convient que les commémorations redeviennent attractives, qu'elles s'inscrivent dans une démarche pédagogique afin de rompre avec la loi du nombre et la désaffection qui s'y greffe parfois.
Je souhaite que cette proposition de loi, souple dans son application, permette à chacun de se l'approprier, et qu'elle soit rendue effective, au service de la transmission du flambeau de ce qu'étaient le Conseil national de la Résistance et ses valeurs. Comme le disait avec justesse le général de Gaulle, « la flamme de la Résistance ne doit pas s'éteindre ». La loi qui nous est soumise nous permettra de l'entretenir.
Les valeurs du courage, du dévouement, de l'abnégation sont permanentes et cette journée nationale de la Résistance permettra de mettre en lumière l'action héroïque de Jean Moulin et de ses compagnons.
En conclusion, mes chers collègues, je rappellerai notre soutien à la politique de mémoire, en témoignant de l'attachement des Français envers ceux qui ont combattu, souvent au péril de leur vie, pour notre liberté. C'est pourquoi nous voterons cette proposition de loi.