Intervention de Jean-Jacques Candelier

Séance en hémicycle du 9 juillet 2013 à 21h45
Instauration du 27 mai comme journée nationale de la résistance — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

Le message est clair aujourd'hui pour le Gouvernement et sa majorité. Alors qu'il aurait fallu tourner la page de la droite, force est de constater que le Gouvernement poursuit et prolonge dans de nombreux domaines les attaques sur les salaires et les traitements des fonctionnaires, aggrave l'austérité, la soumission à l'Union européenne et aux États-Unis, la casse du code du travail, des droits sociaux et des droits à la retraite.

Au nom de quel dogme devrait-on aujourd'hui sacrifier les principes qui ont guidé l'élaboration du programme « Les jours heureux » ? Au nom de la dette ? Au nom de la compétitivité ? Au nom de la mondialisation ? Au nom de l'Union européenne ? Au nom du grand patronat ? Au nom des technocrates de la Cour des comptes ou de la Commission européenne ?

Alors que la crise du capitalisme s'abat sur nous, que le fatalisme progresse – ainsi, mécaniquement, que les idées et les agissements nauséabonds d'extrême droite –, nous devons non seulement rester vigilants, mais aussi ressourcer l'action publique d'aujourd'hui dans un nouveau pacte social et économique.

C'est une tâche brûlante pour tous les vrais républicains. Il faut recréer des marges de manoeuvre face au capital, reprendre nos destins en main, donner à voir notre capacité à agir concrètement pour l'amélioration des conditions de vie de chacun.

Le CNR appelait à « l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie », et garantissant « le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l'amélioration du régime contractuel du travail ».

Il prônait « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d'assurances et des grandes banques » et appelait à « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ». Rien à voir avec le rapport Moreau sur les retraites !

Citons encore « l'organisation rationnelle de l'économie », la création de la sécurité sociale, des comités d'entreprises, du salaire minimum vital, le droit à l'emploi, les nationalisations ou l'augmentation des salaires.

Oui, il faut redresser la France, en s'inspirant largement d'un programme actualisé du CNR, qui renforcerait notamment la démocratie dans l'entreprise.

Oui, aujourd'hui à nouveau, il faut reconstruire la France dans une perspective d'émancipation nationale, de progrès social, d'éradication du fascisme et du racisme, en nationalisant démocratiquement les banques et les grandes industries, en prônant la coopération pacifique entre les nations, ce qui n'a rien à voir avec le libre-échange qu'on veut nous faire adopter au pas de charge.

Oui, face aux féodalités, à la Commission européenne, au FMI, à la BCE, face à l'OTAN, il faut retrouver le principe de l'indépendance politique et économique de la nation et de la souveraineté populaire pour mener des politiques de progrès social.

Alors que la représentation nationale appelle les enseignants à faire oeuvre de pédagogie, je m'y essaie à mon niveau. En aucun cas le Front national des Le Pen ne saurait se réclamer de l'esprit et des valeurs de 1945.

Le Front national usurpe scandaleusement le nom du « Front national », ou « Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France », organisation politique de la Résistance intérieure française créée par le parti communiste français en mai 1941.

L'usurpateur Jean-Marie Le Pen a d'ailleurs été récemment condamné définitivement pour contestation de crime contre l'humanité par la Cour de cassation suite à ses propos sur l'occupation nazie.

Nous ne sommes pas dupes. Ce n'est pas avec, mais contre l'extrême droite, massivement compromise avec Pétain et Hitler, que s'est construite toute l'action du CNR.

Non seulement le CNR n'a rien à voir avec un parti dont le président d'honneur tient les chambres à gaz pour un « point de détail de la Seconde Guerre mondiale », mais les attaques incessantes des Le Pen contre les travailleurs immigrés et contre le mouvement syndical sont aux antipodes de l'esprit du CNR, dont le programme revendiquait, je le rappelle, le « rôle central du monde du travail » dans la reconstruction d'une France libre et fraternelle.

Établir la centralité du monde du travail dans tous les domaines de la vie sociale, voilà un beau projet d'émancipation sociale.

Le groupe GDR votera bien évidemment ce texte, en espérant rallumer l'espoir.

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