Intervention de Kader Arif

Séance en hémicycle du 9 juillet 2013 à 21h45
Instauration du 27 mai comme journée nationale de la résistance — Discussion générale

Kader Arif, ministre délégué chargé des anciens combattants :

Je tiens à remercier sincèrement l'ensemble des orateurs pour leurs propos et leur présence à cette heure tardive. C'est la preuve de l'intérêt que vous manifestez pour les valeurs qui ont été évoquées, ce que, dans mon discours, j'ai appelé l'âme de la France, autour de laquelle nous pouvons nous retrouver.

Je sais ce qui peut nous séparer, ce qui fait partie du débat politique. Mais je sais aussi qu'il est des moments – je ne sais pas si on peut les appeler des moments de grâce – qui dépassent nos appartenances partisanes légitimes, nos engagements tous respectables, des moments qui permettent de nous retrouver autour d'une mémoire apaisée, partagée et de valeurs qui nous sont communes.

Il y a quelques jours, le 21 juin, j'étais au fort de Montluc pour un hommage à Jean Moulin. Comme beaucoup d'entre vous, je pensais connaître une grande partie de son histoire. Or on découvre chaque jour ce que fut l'histoire de ces hommes, de cet homme en particulier. On nous fit part, à M. le Premier ministre et à moi-même, de l'anecdote suivante. Après des heures et des jours de torture, Jean Moulin, torturé par Klaus Barbie, ne pouvait plus parler. Klaus Barbie lui posait toujours les mêmes questions et lui demandait de dénoncer les réseaux, les femmes et les hommes qui les composaient. Klaus Barbie lui tendit une feuille de papier pour y inscrire des noms, Jean Moulin la lui rendit avec la caricature de son bourreau.

Je ne sais pas à quoi on mesure la grandeur des hommes. À titre personnel, je ne crois pas qu'on la mesure au rôle que l'on s'attribue ou au rôle que l'on vous donne. La grandeur des hommes se mesure à l'aune de l'engagement personnel à des moments importants de la vie d'une nation. Quelle que soit notre appartenance partisane, nous nous posons tous la question : qu'aurions-nous fait si nous avions été dans cette situation ? La réponse est difficile, aux plans individuel et collectif. Au moins, pourrons-nous tomber d'accord, et le débat de ce soir le démontre, sur une chose : nous aurions aimé leur ressembler.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion