Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 2 juillet 2013 à 17h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Sur la dernière question, le projet de coopération qui se déroule à Valduc et concerne la simulation, n'est pas encore abouti mais il se déroule normalement. C'est un sujet neuf, tout à fait important pour lequel il faut respecter le calendrier. Les Britanniques souhaitent qu'il y ait une réciprocité localisée ensuite ; les discussions sur ce point ont débuté, mais je pense qu'il ne faut pas faire preuve de trop de volontarisme politique avant d'engranger les bénéfices de ce qui est déjà engagé. Sur la partie nucléaire, le sujet est sensible et nous devons être très vigilants. Le projet se déroule comme prévu ; c'est une coopération exemplaire sur les fondamentaux. Il faudra à l'avenir envisager une réciprocité de localisation, mais avançons pas à pas sur un enjeu essentiel.

Sur l'OCCAr, on ne m'a jamais signalé une inertie particulière dans son fonctionnement ou un manque d'autonomie. Mais je suis bien sûr favorable à l'autonomie de l'OCCAr. L'agence fonctionne avec un conseil de surveillance, auquel appartiennent la France et les autres pays membres, c'est un outil qui doit mettre en oeuvre son programme et l'autonomie est évidemment nécessaire à son bon fonctionnement.

Sur la fusion AED-OCCAr, je n'ai pas de point de vue, mais je constate que l'OCCAr fonctionne plutôt bien dans son domaine et que l'AED est un très bon concept, même si, pour les raisons que j'ai indiquées tout à l'heure, elle n'a pas encore pu aboutir à des projets significatifs de mutualisation. La fusion potentielle des deux mérite réflexion. Je souhaiterais que l'AED puisse aboutir sur un certain nombre de projets, ravitaillement en vol, Maritime Surveillance Project (MARSUR…), dans le cadre du « pooling and sharing », pour qu'elle soit renforcée. La France – mais également la Pologne – en sont des supporters actifs.

Sur l'initiative européenne, la France fera des propositions au Conseil européen de défense. Une façon d'aborder ce Conseil serait d'entrer dans une logique théorique qui consiste à redéfinir le concept de stratégie globale européenne de défense, comme cela a été le cas en 2008, certains pays (la Suède, l'Italie, la Pologne et l'Espagne) souhaitent aller dans ce sens. Selon moi, cette approche est utile et de toute façon indispensable mais il est préférable d'avancer de façon pragmatique par des réalisations concrètes, plus que par une articulation conceptuelle qui définirait les menaces et les risques au niveau européen. Car alors il faut indiquer les moyens pour y répondre, et si on présente les moyens prévus, on se trouve confronté à des différences d'appréciation selon les États. Cette situation a déjà été tentée et a échoué.

La position que je souhaite donc défendre est de donner, sur chacun des domaines, opérationnel, capacitaire, industriel, des orientations pratiques. Je donne trois exemples.

Dans le domaine opérationnel, faisons en sorte que le processus de gestion de crise soit beaucoup plus limpide et rapide. La situation au Mali est évoquée la première fois lors d'une réunion des ministres de la défense de l'Union européenne en septembre 2012 – date à laquelle l'accord pour agir est unanime. L'arrivée des premiers soldats qui font la formation de l'armée malienne à Bamako a lieu en avril 2013 c'est à dire six mois plus tard. Le processus est trop long, pas moins de sept échelons décisionnels ont dû être consultés.

Dans le domaine capacitaire, le bon objectif consisterait à renforcer le pôle de mutualisation du transport de ravitaillement, l'EATC (European Air Transport Command). Située aux Pays-Bas, cette structure s'organise entre cinq pays (la France, les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne et le Luxembourg) en donnant des droits de tirage mutuel sur nos capacités de transport. Il faudrait l'élargir, aussi bien géographiquement que techniquement, pour que ce ne soit pas uniquement le transport, mais également le ravitaillement en vol qui soit concerné. C'est une décision simple qui pourrait être soutenue par les Britanniques, les Polonais ou les Italiens.

Dans le domaine industriel, je pense aux drones. Question équipement, on est tous au même point, pas uniquement sur le drone tactique ou le drone de combat, mais également sur le drone d'observation. Les Britanniques sont équipés du Reaper américain, les Allemands sont en attente, les Italiens sont équipés du Predator, qu'il faudra renouveler, et nous-mêmes devrons nous doter d'équipements provisoires pour couvrir les besoins liés à la situation du Sahel. L'Europe de la défense doit se doter de moyens communs d'observation et a les capacités technologiques et industrielles pour le faire.

Dans les trois domaines, voici des propositions concrètes, qui peuvent aboutir et permettre à l'Europe de la défense de progresser. Cela n'empêche pas parallèlement l'élaboration d'une stratégie européenne de défense.

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