Intervention de Marc Le Fur

Réunion du 3 octobre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur, rapporteur :

Je constate qu'au-delà de quelques différences, nous convergeons sur le fond.

En déposant cette proposition de loi, j'étais inquiet. Après les auditions que nous avons menées, je suis terrorisé quant au devenir des 70 000 emplois externalisés dans notre pays. Il n'y a aucune raison objective pour que ces entreprises françaises, pour lesquelles l'essentiel du coût est un coût de main-d'oeuvre, ne délocalisent pas tout à l'étranger !

Ensuite, le temps nous est compté car les choses vont très vite. L'offshore n'existait pas il y a douze ans. Le leader mondial en la matière, Téléperformance, est une entreprise française qui salarie 120 000 personnes dans le monde, dont moins de 4 000 en France car c'est le pays où elle perd le plus d'argent.

On me reproche la modestie de ma proposition de loi. Je la revendique, car je préfère un petit pas dans la bonne direction à l'inaction. Que s'est-il passé après l'affaire du STIF ? Rien. Après l'émotion et la gesticulation, ce fut l'inaction. Aucune proposition de loi relative aux marchés publics ou à la taxation éventuelle d'appels extérieurs n'a été déposée. Je ne suis pas dans cette logique.

Le constat est extrêmement inquiétant. La délocalisation des services peut aller beaucoup plus vite que celle des biens, car elle n'induit aucun coût supplémentaire. Elle n'a que des avantages. Il faut donc faire vite.

Oui, monsieur Chassaigne, les contraintes sont multiples – je pense à l'Europe et à l'OMC. Vous avez raison d'évoquer les conditions de travail des personnels, mais n'oubliez pas que ces emplois sont essentiellement des CDI, de surcroît destinés aux jeunes.

Non, madame Ehrel, ma proposition de loi n'a pas pour seul objet le consommateur. Il s'agit de l'informer, c'est vrai, mais pour qu'il cesse d'être schizophrène, parce qu'il est aussi producteur et père de famille.

Voulons-nous créer des centres d'appels dans les quartiers nord d'Amiens ou les laisser partir au Maroc, en Tunisie ou sur l'Ile Maurice ? Tel est le vrai sujet.

Je suis ouvert à d'éventuelles évolutions, notamment à celle préconisée par Joël Giraud. Je vais également proposer que mon texte concerne le monde des services publics, et pas seulement celui des entreprises. Quand l'URSSAF et Pôle Emploi subiront des contraintes de coût, il ne sera pas illégitime, en l'état actuel du droit, qu'ils fassent appel à une main-d'oeuvre extérieure. Je vous invite à leur adresser un signal et à avancer, car le temps nous est compté. Faisons ce pas, même s'il est très modeste !

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