Intervention de Victorin Lurel

Réunion du 2 octobre 2012 à 21h00
Commission des affaires économiques

Victorin Lurel, ministre des outre-mer :

C'est vous qui avez fixé le seuil de 1 000 mètres carrés, qui a tué le petit commerce dans les campagnes.

Il faut donc trouver un équilibre, mais c'est très problématique. Pour porter la baisse de prix dans les campagnes, on peut créer des centrales d'approvisionnement du petit commerce et des artisans ou mettre en place un dispositif un peu plus compliqué, organisé autour des préfets et consistant à susciter des adhésions volontaires au bouclier « qualité-prix » permettant d'étendre aux campagnes les accords de baisse de prix. Lorsque j'étais président de région, je n'ai pas attendu le vote d'une loi pour inviter les gens à se regrouper et à prendre des engagements de modération dans les campagnes. Il faut territorialiser la baisse des prix et les instruments permettant de lutter contre les ententes et les prix abusifs.

C'est avec les banques, les compagnies d'assurance et les compagnies aériennes que nous rencontrerons les plus grandes difficultés. L'ouverture du ciel encouragée par l'Europe n'existe pas outre-mer, où n'opèrent que trois compagnies françaises. Celles-ci, qui pratiquaient des prix de l'ordre de 1 800 à 2 000 euros, se sont coordonnées pour se défendre lorsqu'est apparue une compagnie low-cost, XL Airways, qui proposait des billets aller-retour à 399 euros. Les compagnies françaises ont commencé par déclarer que de tels prix étaient impossibles, puis ont proposé elles aussi, au bout de dix jours, des billets au même prix en attendant que leur concurrent se retire, après quoi elles pourraient à nouveau augmenter leurs tarifs. La surcharge de carburant, qui était de 200, puis de 260 euros, a subitement disparu, alors que le prix de ce carburant atteignait 1,91 euro le litre dans les îles Wallis et Futuna. Rappelons à ce propos que des émeutes ont éclaté en Guyane lorsque ce prix a atteint 1,77 euro – le pétrole le plus cher du monde à proximité immédiate des approvisionnements du Brésil, du Suriname, de Curaçao et de Trinidad auxquels les normes européennes interdisent de recourir !

Dans la recherche d'un équilibre entre une nécessaire ouverture commerciale et notre nostalgie du pacte colbertiste, ce texte représente un premier pas – qui devra être suivi, après moi peut-être, par bien d'autres.

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