Je voudrais insister sur un point positif que je n'ai pas relevé tout à l'heure : bien qu'à temps partiel, les contrats que nous passons sont, à 96 %, des CDI.
J'en viens maintenant à l'intégration des personnels sans qualification. Depuis longtemps, nous avons à coeur de lutter contre l'image de domesticité qui a été attachée à nos métiers. Ce sont de vrais métiers qui exigent des compétences, des formations, des qualifications. Mais puisqu'il s'agit d'emplois occupés par des femmes, on considère que le salaire qu'ils assurent n'est qu'un complément de salaire. Cela explique sans doute la faiblesse des rémunérations. Je ne sais pas si c'est parce que les rémunérations sont faibles qu'il n'y a que des femmes pour occuper ces emplois, ou si c'est parce que ce sont des femmes qui les occupent qu'on considère qu'il n'est pas très grave que les rémunérations soient faibles.
Ensuite, tout en étant une structure associative, nous avons une direction, un encadrement intermédiaire, avec des responsables de secteurs qui sont chargés de planifier et de suivre les interventions, faire des visites à domicile et servir de relais pour les intervenants à domicile. Nous tenons beaucoup à ce qu'il y ait des temps d'échanges. En effet, nos salariés, qui se déplacent d'un domicile à l'autre, sont isolés. Il est donc très important de prévoir des réunions d'analyses de pratiques, d'échanges sur le travail. Mais ces temps d'échanges ne sont pas reconnus par les financeurs, dans la mesure où, pour eux, ils sont improductifs. Face aux contraintes budgétaires, les structures réduisent donc de plus en plus ces temps, ce qui accentue le sentiment de pénibilité des salariées, qui ne se rencontrent pas et ne peuvent pas échanger sur leurs difficultés.
Enfin, les organismes assureurs de prévoyance – nous avons un organisme de prévoyance et de complémentaire santé dans la branche – constatent une détérioration de l'état de santé des salariées. De même, la CNAM ayant récemment modifié la grille des maladies professionnelles, des salariées de plus en plus nombreuses sont reconnues comme étant en maladie professionnelle. Il faut dire que les déplacements se multiplient parce que les interventions sont plus courtes, et que les plans d'aide établis par les financeurs se traduisent, sur le terrain, par une incroyable pression sur les salariées. Si on leur demande de faire une toilette en un quart d'heure, non seulement elles maltraitent la personne à qui elles la font, mais elles se sentent elles-mêmes maltraitées en tant que professionnelles.
Ainsi, aujourd'hui, les salariés sont en très grande détresse dans l'exercice de leur profession, alors qu'au niveau de la branche, nous faisons le maximum – formation conventionnelle, régime de complémentaire santé, actions contre la pénibilité, etc.