J'approuve totalement l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne, pour laquelle j'ai plaidé. Mais nous qui, quelles que soient nos appartenances politiques, sommes très attachés à l'Europe, devons faire attention à ne pas applaudir les nouveaux élargissements avant tout approfondissement de l'Union. Nous tenons ce discours depuis des années, mais rien ne change. Il en est de même, d'ailleurs, pour ce qui concerne la Lettonie.
Les prochaines élections européennes seront dangereuses : nous savons que la participation sera faible et que les idées extrémistes, aussi bien à gauche qu'à droite, pourront, sinon être victorieuses, du moins progresser fortement. C'est pourquoi je suis préoccupé par le climat actuel.
À cet égard, les déclarations de certains ministres ou du président de l'Assemblée nationale à l'encontre de l'Allemagne constituent une erreur profonde – elles ont d'ailleurs fait réagir à juste titre notre présidente –, car elles tendent à alimenter le sentiment antieuropéen. Les responsables doivent donc faire attention à leurs déclarations, qu'elles concernent l'Allemagne ou l'Europe en général.
J'en viens à l'effort budgétaire en faveur des jeunes. J'y suis bien évidemment favorable, mais il n'est pas du tout à la hauteur du problème. La Commission l'a d'ailleurs elle-même reconnu : alors qu'elle évalue à plus de 18 milliards d'euros les fonds nécessaires, seuls 6 milliards sont aujourd'hui rendus disponibles – même si ce montant pourrait selon vous être porté à 8 milliards avec l'aide du Parlement européen.
Par ailleurs, je m'interroge, comme mon collègue Pueyo, sur les procédures. Si j'ai bien compris, la Commission a l'intention de s'inspirer, en matière d'apprentissage et d'alternance, des systèmes en vigueur en Autriche et en Allemagne – où les taux de chômage sont d'ailleurs bien inférieurs à la moyenne européenne. Comment l'initiative pour l'emploi des jeunes va-t-elle concrètement être appliquée en France ? Allons-nous nous inspirer de l'exemple donné par ces deux pays ?
L'actualité m'amène également à dire un mot de la Turquie, où il se passe aujourd'hui des choses inacceptables : plusieurs morts, et des milliers de blessés. Le langage employé par le gouvernement turc est également inacceptable, puisqu'il affirme que les manifestants sont manipulés par des « lobbies juifs », ou que les journalistes étrangers – dont certains ont été grièvement blessés – incitent la population à la violence, voire qu'ils sont des espions de l'Union européenne ! Je comprends que l'on souhaite poursuivre les négociations avec la Turquie, mais un rappel à l'ordre est nécessaire. Or le Gouvernement français n'a pas manifesté suffisamment de fermeté à cet égard.
En ce qui concerne l'espionnage pratiqué par les États-Unis et ses conséquences sur les négociations de l'accord de libre-échange, je constate que la position de la France est très différente de celle de l'Allemagne. Je le regrette, car les relations franco-allemandes ont toujours joué un rôle important dans le fonctionnement de l'Union.