Merci, monsieur le président. Monsieur le rapporteur, mes chers collègues, les six mois de travail de la mission d'information sur l'accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs ont été riches d'enseignements, sur les modes collectifs d'accueils des mineurs, sur l'évolution de la relation des familles françaises aux vacances et sur les désirs d'émancipation et de découverte des jeunes. L'esprit de bonne intelligence et de collaboration respectueuse, préservé par les membres de la mission au fil des auditions, se retrouve dans un rapport dont nous partageons, pour l'essentiel, l'état des lieux et l'exposé des principales causes de désaffection à l'égard des colonies de vacances.
Au cours de nos quinze demi-journées de réunions sur sept mois et demi nous avons pu entendre plus de soixante interventions, portant sur tous les aspects de notre thème. Comme c'est souvent le cas pour une mission d'information, si nous avons répondu, je crois, aux principales questions que nous nous étions posées lors de notre constitution, des réflexions et des problématiques nouvelles sont également apparues au cours de nos échanges, qui en ont été ainsi considérablement enrichis.
Nous avons effectivement constaté que les séjours collectifs et de loisirs sont plus courts, moins nombreux, moins éloignés, concernent moins d'enfants et différemment que par le passé. Voilà les grandes lignes du constat. L'apprentissage de la vie en société cède à une approche parfois plus consumériste, tendue vers des activités linguistiques, culturelles ou sportives. La sociologie du public est très segmentée. C'est probablement l'un des principaux enseignements de cette mission. Alors que des populations en grande difficulté sociale sont l'objet d'aides ciblées, une population favorisée fait appel à des opérateurs privés pour donner un contenu aux vacances. Et les classes intermédiaires ne trouvent plus leur place dans ces séjours. Ce point a été souligné par quasiment toutes les personnes que nous avons auditionnées. Les classes moyennes, privées d'aides et de ressources suffisantes, sont absentes des séjours collectifs, ce qui nuit considérablement aux équilibres sociologique et économique de ces séjours. Ce secteur connaît une multiplicité d'acteurs confrontés aux difficultés économiques, au coût du transport, qui est apparu comme un élément de renchérissement des séjours, et également à l'application de réglementations toujours plus exigeantes. Mais nous avons aussi découvert des approches inattendues sur le patrimoine. Les colonies faisaient en effet oeuvre sociale et architecturale utiles, autour de réflexions sur le bonheur des enfants. La mission s'est donc révélée très substantielle de ce point de vue. Elle montre qu'il y a un modèle à inventer, au-delà de la nostalgie de la colo, pour satisfaire l'appétence de la société pour des formes rénovées. Vingt et une propositions sont préconisées par notre rapporteur. Je m'associe à une grande partie d'entre elles, mais je ne peux le suivre, malgré notre analyse commune, sur certaines qui me semblent soit peu réalistes, soit risquant de fragiliser un secteur qui tente de se redresser en se diversifiant. Je pense, en effet, que le modèle unique n'est pas une réponse appropriée à notre époque, c'est la raison pour laquelle une contribution complémentaire sera ajoutée à ce rapport, mais je me propose d'y revenir à l'issue de la présentation du rapport par notre rapporteur.
Je lui laisse donc la parole en lui réitérant mon sentiment, malgré ces divergences qui sont la règle même de l'expression démocratique, que grâce à la réflexion qu'il vous soumet, notre mission propose une contribution réelle à notre principal objectif : tenter de trouver des solutions au départ en vacances des quelques trois millions d'enfants et de jeunes qui en sont privés aujourd'hui, ce qui est l'objectif et la raison même de cette mission.