Membre de la mission d'information, je tiens à saluer la richesse des interventions lors de nos auditions ainsi que la qualité des débats qui ont animé nos réunions, sous l'impulsion de la présidente et du rapporteur. Je félicite ce dernier de la qualité du travail qu'il a conduit : son excellent rapport donne des pistes d'action pertinentes et adaptées.
Le sujet de l'accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs soulève des enjeux complexes, révèle divers obstacles et suscite de nombreux questionnements. Ceux-ci conduisent, dans le rapport, à un plan d'action en vingt et un points, visant à préserver et développer les départs de mineurs en colos et à faire en sorte que les autorités publiques les encouragent.
En réaffirmant la raison d'être et le caractère fondamental des séjours collectifs de vacances pour les mineurs, les travaux de la mission ont aussi rappelé le nombre inacceptable, trois millions, de mineurs qui ne partent pas en vacances. Cette donnée met en exergue les inégalités sociales et leurs répercussions néfastes sur le départ en vacances des jeunes, notamment en colos.
Soulignant les bienfaits que celles-ci présentent pour les jeunes, le rapporteur a souhaité donner des orientations précises afin que les autorités publiques continuent d'encourager le départ des mineurs en séjours collectifs et luttent contre la désaffection dont ceux-ci sont victimes. Il est important, en effet, de réaffirmer les valeurs et les bienfaits portés par les colos, modèles d'éducation populaire et de vie sociale pour les mineurs qui les fréquentent.
Le séjour collectif suit une logique inverse de celle de l'école qui ne correspond pas toujours à chaque jeune. L'éducation active par le jeu met l'accent sur la solidarité entre pairs du même âge et sur l'entraide collective. La cohésion du groupe est promue dans un système de permanence de la vie collective.
Les colos vont aussi de pair avec l'hébergement, vecteur d'émancipation. Elles facilitent l'apprentissage des règles de vie collective et des usages sociaux. Elles sont un laboratoire du « vivre ensemble » pour les jeunes ainsi que des pratiques pédagogiques pour les encadrants. Elles favorisent la socialisation sous toutes ses formes. En outre, elles peuvent nourrir des vocations d'animateur pour les jeunes qui les ont fréquentées.
Pour tous ces motifs, leur extinction n'est pas acceptable. Et pourtant, elle progresse régulièrement depuis plus de quinze ans. Afin de pallier cette désaffection, notre rapporteur propose vingt et une mesures pour reconquérir les classes moyennes qui ont déserté les colos, conférer, de nouveau, à l'État un rôle actif d'incitateur au départ en colos, faire des colos un secteur phare de l'économie sociale et solidaire et enfin, repenser le statut de l'animateur.
Cette dernière proposition est d'une large portée. Il ne s'agit pas, simplement, d'établir un statut de l'animateur, pour répondre à des exigences d'ordre administratif, mais de reconnaître véritablement un savoir-faire à part entière, dont les missions ont des répercussions bien plus étendues que le seul encadrement de mineurs en vacances. L'animateur n'est pas seulement responsable de la sécurité de l'encadrement. Il est aussi celui qui stimule et provoque l'épanouissement du jeune sur son lieu de vacances. Il invente des sources de divertissement et de rencontre avec les autres membres du groupe dont il fait partie. Il installe des repères du « vivre ensemble » et les principes de l'échange et du partage en collectivité. L'animateur n'est pas un simple garant de la sécurité du mineur : son approche est bien plus riche et plurielle.
L'animateur de colos est aussi, aux yeux du jeune, un représentant de l'encadrement et une figure d'autorité, capable de manifester écoute, proximité et empathie. Il permet à des jeunes parfois éloignés du système scolaire et de ses codes de se réconcilier avec une autre forme d'encadrement. Le positionnement affectif et amical de l'animateur à l'égard du jeune permet à ce dernier de sortir de sa réserve et d'une attitude de méfiance, voire de défiance, pour faire preuve d'adhésion et de coopération. C'est la plus grande victoire des animateurs de colos.
Les séjours collectifs de vacances sont des ressources pédagogiques précieuses qu'il nous faut préserver et encourager, en instaurant un volontariat de l'animation. Celui-ci permettrait d'intégrer l'animateur à une filière de qualité de l'animation. Instituer un statut de l'animateur m'apparaît ainsi comme la juste reconnaissance et le moyen de valoriser le travail qu'il accomplit, dont les répercussions sont bénéfiques pour la société toute entière.