Je reprendrai les termes de Thierry Braillard qui a considéré que le fait que trois millions d'enfants ne puissent pas partir en vacances chaque année était un « constat poignant ». Ce constat a constitué le fil conducteur de notre mission. Je voudrais croiser ce nombre de trois millions avec un autre, tout aussi significatif. Nous avons appris au cours de l'audition de Mme Valérie Fourneyron que 86 % des enfants et des jeunes qui partaient en vacances le faisaient en famille, avec leurs parents, contre 80 % auparavant. Je considère que c'est une bonne évolution. Mais cela ne signifie pas que les séjours collectifs n'ont pas leur place dans les vacances des enfants et des jeunes. Leur valeur éducative est essentielle car ils permettent de lutter contre le déterminisme communautaire et le repli sur soi. On n'a pas évoqué, parmi les causes de la désaffection des séjours collectifs, les réticences des enfants eux-mêmes pour ce genre de séjours collectifs. Les enfants ne veulent plus partir en colonies de vacances. S'ajoutent à ces réticences les multiples craintes des parents exprimées en termes de pédophilie, de mauvaises fréquentations ou de risques physiques. Toutes ces causes expliquent en grande partie la baisse de fréquentation des séjours collectifs. Je souligne d'ailleurs que les enfants sont beaucoup en collectivité durant l'année scolaire. Cette vie collective finit par leur peser et ils peuvent souhaiter y échapper pendant les vacances. Je ne reviendrai pas sur la création d'un impôt supplémentaire à laquelle je suis opposée. Les gens les plus fortunés contribuent déjà largement à la solidarité sociale. Opposer les riches et les pauvres relève d'une approche que je ne partage pas, parce qu'elle segmente les publics alors qu'il faut au contraire encourager la mixité des séjours collectifs. Il ne faut pas non plus avoir une approche comparable de l'organisation des séjours. Il n'y a pas d'un côté le secteur privé, qui ne présenterait aucune vertus pédagogique, et de l'autre côté le secteur public de l'éducation populaire qui serait paré de toutes les vertus. On ne peut plus avoir une vision aussi manichéenne des choses. Les uns peuvent se nourrir de l'approche des autres et l'on a besoin de tout le monde pour redonner de l'attractivité aux séjours collectifs. De même façon, il ne faut pas avoir de vision manichéenne du scoutisme. Toutes les confessions sont représentées, qu'elles soient religieuses ou idéologiques. Il y a des scouts musulmans comme des scouts laïques. La proposition consistant à réunir sous une même tutelle ministérielle et à appliquer une même réglementation pour toutes les formes d'accueils collectifs de mineurs fait courir un grand risque au scoutisme. Il faut conserver à ce mouvement son régime dérogatoire pour ne pas le fragiliser alors qu'il fait preuve de beaucoup de modernité. Le supprimer serait une grande faute. Je finirai en répondant à notre collègue Colette Langlade que nous nous sommes posé la question du caractère un peu vieillot du mot « colonie » mais que nous n'avons pas eu l'occasion, dans le cadre de la mission, d'interroger des jeunes sur l'image ringarde de la colo qui a retenu notre attention.