Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 2 juillet 2013 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous recevons M. Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS, et M. Thierry Coville, chercheur à l'IRIS, pour une réunion consacrée à l'Iran après l'élection présidentielle qui s'est tenue le 14 juin dernier.

L'élection de Hassan Rohani dès le premier tour, avec un score de 50,71 % des voix et un taux de participation supérieur à 70 %, a déjoué les pronostics les plus pessimistes à l'étranger, et a manifestement été vécue comme un immense soulagement à l'intérieur du pays comme à l'extérieur.

L'image de M. Rohani, qui passe pour être un homme modéré et ouvert au dialogue, tranche singulièrement avec la personnalité de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad, dont les deux mandats ont été vécus douloureusement par les Iraniens. Par ailleurs, malgré le tamisage très sélectif des candidatures en amont du processus électoral, son résultat donne l'impression de traduire le choix populaire, contrairement à l'élection présidentielle de 2009, qui avait été suivie d'une phase de répression violente. Les figures de proue du « mouvement vert », Hussein Moussavi et Mehdi Karoubi, sont d'ailleurs toujours assignées à résidence.

L'élection de M. Rohani donne un visage plus « respectable » à la République islamique d'Iran, aussi bien au plan intérieur que sur la scène internationale, mais il reste à savoir quels changements concrets pourraient en résulter. L'Iran est aujourd'hui un pays au ban de la communauté internationale, frappé de sanctions qui touchent durement son économie et sa population. Au plan intérieur, les attentes sont très fortes dans le domaine des réformes économiques, mais aussi des libertés publiques.

Le nouveau président a ainsi été élu sur un agenda de réforme, d'ouverture et de rassemblement, et il a reçu un soutien probablement décisif du camp des « réformateurs », mais il est généralement décrit comme étant lui-même un « conservateur modéré », issu de l'appareil d'État et appartenant au système. S'il a appelé à une « interaction constructive » avec le monde, il a annoncé que son gouvernement « ne sera pas un gouvernement de compromis ni de reddition ». Il reste également à savoir quelles seront ses propres marges de manoeuvre par rapport au Guide suprême, Ali Khamenei, qui garde la haute main sur les orientations stratégiques et détient la clef de toutes les évolutions possibles. Nous serons naturellement très attentifs à ce que vous pourrez nous dire sur ces différents sujets, ainsi que sur l'attitude qu'il conviendrait d'adopter vis-à-vis des nouvelles autorités iraniennes : dans quelle mesure est-il possible et souhaitable de leur tendre la main ? Si oui, comment ?

Si vous en êtes d'accord, je vais commencer par donner la parole à M. Bernard Hourcade sur la situation intérieure de l'Iran, les rapports de force au sein du régime et les lignes directrices esquissées par le nouveau président. M. Thierry Coville pourrait ensuite traiter plus spécifiquement des aspects économiques, de la question des sanctions et des inflexions possibles en matière de politique étrangère, qu'il s'agisse du dossier nucléaire, dont M. Rohani a été le négociateur en chef de 2003 à 2005, ou de l'intervention massive de l'Iran en Syrie et des relations avec Israël.

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