Je voudrais revenir sur le coeur de notre filière : la culture de colza et de tournesol.
60 % d'une graine de colza produit du tourteau et 40 % de l'huile. Il y a différents débouchés pour l'huile, le premier est la nourriture des hommes, directement par l'huile végétale. Aujourd'hui, environ 400 000 hectares sur 2,2 millions d'hectares d'oléagineux servent à nourrir les hommes ; le reste permet de produire du biodiesel – ce qui concourt à la sécurité de notre approvisionnement énergétique – et des molécules pour l'oléochimie. D'après une étude France Agrimer, la surface agricole utilisée pour produire du biodiesel en France est de 3,9 %. En fait, elle est de 1,85 % si on déduit les tourteaux de colza, c'est-à-dire les coproduits qui servent à l'alimentation animale. Ces tourteaux sont vraiment le lien entre l'animal et le végétal.
Aujourd'hui, de lourdes menaces pèsent sur le biodiesel, en particulier le biodiesel français. Mais l'ensemble de la filière risque d'être affecté. En effet, quand on produit une tonne de biodiesel, on produit 1,35 tonne de tourteaux de colza. Au final, si on diminue la production de biodiesel, il y aura un surplus d'huile de colza, tout simplement parce qu'il n'y a pas de débouchés alimentaires suffisants en France et en Europe pour cette huile. Cela signifiera automatiquement une diminution de la production de colza, et par effet domino, de la production de tourteaux de colza sur le territoire français.
Quelques chiffres vous permettront d'apprécier le poids du biodiesel.
D'après une étude de PricewaterhouseCoopers Audit réalisée en 2013, la filière biodiesel au sens large représente, sur le territoire français, 20 000 emplois, dont 12 000 emplois directs – énergies renouvelables, chimie, nutrition animale.
En ce qui concerne la balance commerciale, la production de biodiesel sur le territoire représente une économie d'importation d'un milliard d'euros par an, tout simplement parce que, de ce fait, nous n'importons pas 2 millions de tonnes de gasoil. De la même façon, comme nous importons moins de tourteaux de soja, nous économisons 500 millions d'euros par an.
Il faut voir aussi que lorsque l'on produit du biodiesel, on produit forcément 10 % de glycérine végétale. Celle-ci est utilisée en chimie du renouvelable pour produire de nouvelles molécules qui se substituent à des molécules pétrolières. Aujourd'hui, Sofiprotéol est le premier producteur mondial de glycérine végétale. La chimie renouvelable est aussi extrêmement liée à la production de biodiesel.
Le bilan fiscal, sur lequel on nous interroge souvent, est positif pour l'État depuis 2011 pour les deux filières : biodiesel et bioéthanol – même en cas de poursuite de la défiscalisation jusqu'à 2015. D'après l'étude PricewaterhouseCoopers, les externalités gouvernementales représentent 11,50 euros par hectolitre de biodiesel, comparés à une défiscalisation qui est aujourd'hui de 8 euros par hectolitre.