Intervention de Michel Boucly

Réunion du 10 juillet 2013 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Michel Boucly, directeur général adjoint de Sofiprotéol :

Je précise que la « ferme France » a démarré ses productions d'oléoprotéagineux sur des jachères. Cela ne s'est donc pas fait au détriment d'autres cultures.

Il s'agissait alors de trouver une source de protéine pour les élevages français. Le problème était qu'on ne savait pas quoi faire de l'huile. Mais on a calculé qu'il était possible de l'incorporer au gazole à hauteur de 10 % – et d'économiser, de ce fait, 1 milliard d'euros d'importation de gazole. Aujourd'hui que nous en sommes à 7 % d'incorporation, il faudrait s'en tenir là. Certains prétendent même qu'il faudrait diminuer ce pourcentage. Cela revient à renoncer à 20 000 emplois, au milliard d'euros d'économie d'importation de gazole et aux 500 millions d'euros d'économie d'importation de soja OGM. Dans la situation actuelle de la France, c'est un véritable cauchemar ! Nous avons été incapables d'expliquer que cette filière produisait des protéines, apportait les bonnes réponses, et qu'on avait trouvé un débouché pour l'huile.

Il nous faut donc limiter l'incorporation de matière végétale à 7 % – ce qui oblige à adapter l'outil industriel – et trouver d'autres sources d'énergie. Les autres sources d'énergie pourraient être issues de la forêt : ce sont les matières premières ligno-cellulosiques. Sofiprotéol participe au premier programme mondial en la matière, le programme BioTfuel, mais les difficultés sont énormes – le programme concurrent allemand, celui de Choren Industries, a d'ailleurs fait faillite l'année dernière. Ce programme BioTfuel, qui était budgété à 117 millions d'euros, est estimé maintenant à 180 millions d'euros et on ne sait pas comment faire face à de tels dépassements. En outre, il ne pourra aboutir sur le marché qu'après les années 2020.

Donc, de toutes les façons, sur la période, la solution est de s'inscrire dans une démarche de progrès. Il faut demander aux agriculteurs d'adopter des pratiques nouvelles et innovantes. On peut baisser de 20 unités d'azote la culture du colza par de l'innovation. On peut répondre aux produits phytosanitaires par de nouvelles stratégies de défense. Et au travers de la contractualisation, on peut faire évoluer les pratiques dans un sens vertueux. Selon moi, l'avenir des biocarburants passe par une démarche de progrès en termes écologiques.

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